La haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, a demandé lundi l'ouverture d'une enquête indépendante sur les récentes violences en Thaïlande afin de juger les responsables des violations du droit international.

«Afin de favoriser à long terme la réconciliation politique, j'exhorte le gouvernement à veiller à ce qu'une enquête indépendante sur les événements récents soit conduite et que tous les responsables avérés de violation des droits de l'homme rendent des comptes», a déclaré Navi Pillay devant le Conseil des droits de l'homme.

Au moins 88 personnes ont été tuées et près de 1900 blessées lors de la répression des manifestations antigouvernementales des «chemises rouges» à Bangkok.

Mme Pillay a reconnu que le gouvernement thaïlandais avait tenté de trouver une sortie à la crise ces derniers mois et que les autorités se devaient de restaurer l'ordre public.

«Ce faisant, toutefois, ils doivent respecter les normes internationales concernant l'utilisation de la force et le respect des personnes détenues», a-t-elle ajouté.

Lors des affrontements, les manifestants avaient demandé que commencent «des discussions avec les Nations unies comme médiateur», une proposition que le pouvoir avait toutefois refusé.

En réponse à Navi Pillay, l'ambassadeur de la Thaïlande auprès de l'ONU, Sihasak Phuangketkeow, a souligné «qu'une commission d'enquête indépendante était mise en place pour examiner tous les incidents qui ont eu lieu durant les manifestations».

«Le gouvernement thaïlandais regrette profondément les pertes en vies humaines et les blessures qui se sont produites, et s'engage à traduire les responsables en justice», a-t-il ajouté.

L'ambassadeur a également a également indiqué que «le gouvernement thaïlandais ne cherchait pas à éluder toute responsabilité», tout en précisant que les forces de sécurité ont fait usage de la force «en dernier ressort» et «conformément aux normes internationales».

«Permettez-moi de souligner que le gouvernement thaïlandais est ouvert à un examen et est prêt à être soumis à un processus légal», a-t-il poursuivi.

Depuis lundi, le premier ministre thaïlandais Abhisit Vejjajiva est sous le feu des accusations de l'opposition devant le Parlement pour sa gestion de la crise et l'assaut meurtrier lancé par l'armée contre les manifestants antigouvernementaux dans le centre de la capitale.

Les partis d'opposition doivent débattre durant deux jours au Parlement d'une motion de censure contre le premier ministre alors que des voix ont exprimé leur inquiétude devant le comportement des forces de l'ordre lors de l'assaut meurtrier du 19 mai.