Le premier ministre japonais Yukio Hatoyama a annoncé mardi qu'il renonçait à sa promesse électorale de retirer une base américaine controversée de l'île d'Okinawa (sud).

«Je suis vraiment désolé d'avoir à demander aux habitants d'Okinawa leur compréhension car une partie des opérations de la base va devoir être maintenue», a dit le chef du gouvernement devant des journalistes alors qu'il effectuait sa première visite sur l'île depuis son élection en septembre.

Pendant sa campagne électorale, M. Hatoyama avait promis de retirer d'Okinawa la base aérienne de Futenma, située actuellement en pleine ville, ou même de la transférer à l'étranger, afin d'alléger le fardeau de la population locale, lassée du bruit et de la hausse de la criminalité.

Plus de la moitié des quelque 48 000 soldats américains stationnés au Japon vivent à Okinawa.

C'est la première fois que le premier ministre admet publiquement qu'il ne pourra pas honorer sa promesse. Cet aveu de faiblesse va encore peser sur sa cote de popularité qui est passée en dessous des 30% de satisfaits à deux mois des élections sénatoriales.

À son arrivée à Naha, ville principale d'Okinawa, M. Hatoyama a été accueilli par quelque 400 manifestants réclamant le départ de Futenma. Il a eu un entretien avec le gouverneur de l'île, Hirokazu Nakaima, qui lui a fait part du mécontentement croissant de la population locale.

Le 25 avril, quelque 90 000 personnes avaient manifesté pour réclamer le départ de la base américaine.

«Nous avons réalisé qu'il serait difficile de retirer toutes les opérations en dehors de la préfecture d'Okinawa», a dit le premier ministre au gouverneur. «Nous devons demander la compréhension des habitants pour supporter une partie du fardeau».

Soulignant l'importance de l'alliance nippo-américaine, M. Hatoyama a jugé également «impossible» le transfert de la base à l'étranger.

Le gouverneur a jugé ces propos «en totale inadéquation» avec ce que souhaitent les habitants d'Okinawa. «Je veux qu'il continue à chercher un plan conforme à sa promesse électorale», a-t-il dit aux journalistes.

La question du transfert de Futenma a suscité une tension dans les relations avec les États-Unis, principal allié du Japon, dont ils assurent la défense depuis la fin de la guerre.

Après plus de dix ans de négociations, un accord avait été conclu en 2006 entre l'ancien gouvernement conservateur japonais et l'administration américaine pour transférer la base sur un site moins peuplé d'Okinawa, dans la baie de Henoko.

Le Parti démocrate du Japon (PDJ) de M. Hatoyama s'était engagé à réviser cet accord et son arrivée au pouvoir a suscité une vague d'espoir à Okinawa et une certaine irritation à Washington.

Mais après plusieurs mois de tergiversations, M. Hatoyama a dû se rendre à l'évidence qu'il n'existait pas de solution miracle.

Selon les fuites publiées dans les médias, le gouvernement, qui annoncera sa décision à la fin du mois, devrait revenir au plan de 2006 avec quelques modifications.

Une grande partie de la base devrait être déplacée comme prévu sur la baie de Henoko, à proximité d'une autre base américaine, Camp Schwab, mais sa piste d'atterrissage, qui devait à l'origine être construite en dur, reposerait sur des pylônes afin de protéger les fonds marins. Un millier de Marines et leurs hélicoptères devraient d'autre part être relogés sur l'île de Tokunoshima, à 200 km au nord-est d'Okinawa.

M. Hatoyama devait rencontrer vendredi à Tokyo les maires de cette île afin d'entendre leurs doléances et tenter de les convaincre d'accepter une partie des soldats américains.