L'avocat dissident Gao Zhisheng, disparu depuis plus d'un an, est vivant et se trouve actuellement sur un site montagneux vénéré par les bouddhistes dans le nord de la Chine, ont déclaré dimanche deux de ses amis proches qui ont indiqué lui avoir parlé au téléphone.

«J'ai parlé à Gao cet après-midi», a déclaré à l'AFP Li Heping, ami et collègue du dissident, assurant que la personne avec laquelle il s'était entretenu au téléphone était bien lui.

«Il se trouve au mont Wutai (mont aux Cinq terrasses, dans la province du Shanxi), mais il n'a pas révélé l'endroit précis. Je l'ai interrogé sur sa situation, sa santé, et il a répondu qu'elles étaient ''bonnes''», a ajouté M. Li.

M. Li et Teng Biao, un autre avocat at ami de M. Gao qui a également eu dimanche une conversation téléphonique avec le dissident, se sont déclarés certains que c'était bien lui.

«Je suis un très bon ami de (Gao Zhisheng) et je connais très bien sa façon de s'exprimer, les mots qu'il utilise», a souligné M. Li.

M. Gao a signalé au cours de la conversation que des amis se trouvaient à ses côtés et qu'il devait raccrocher, peut-être une manière de sous-entendre qu'il était surveillé étroitement par des agents voulant l'empêcher de parler au téléphone, selon M. Li.

«Nous pensons qu'il y a des gens à côté de lui, ou qu'il a reçu un avertissement très sévère et qu'il a peur», a déclaré M. Teng.

Gao Zhisheng, avocat quadragénaire proposé pour un prix Nobel de la paix par des parlementaires américains, s'est fait connaître pour avoir pris la défense des chrétiens clandestins, des cyberdissidents, mais aussi des adeptes du Falungong, mouvement spirituel qualifié de secte par Pékin et interdit en 1999.

Gao, ancien membre du Parti communiste, a disparu depuis que des membres de la police secrète sont venus le chercher dans son village de la province du Shaanxi (nord, voisine de celle du Shanxi) le 4 février 2009, selon des associations des droits de l'homme qui, aujourd'hui, craignent qu'il ne soit mort pendant sa détention.

En novembre 2005, Gao avait été radié du barreau et placé sous surveillance policière après avoir appelé à la fin des persécutions contre le Falungong.

En décembre 2006, il avait été condamné à trois ans de prison avec sursis pour subversion puis placé sous résidence surveillée avec mise à l'épreuve pendant cinq ans.

M. Gao a affirmé avoir été torturé pendant plusieurs semaines après avoir écrit une lettre ouverte au Congrès américain en 2007. Il a déclaré avoir reçu des décharges électriques sur les organes génitaux et avoir eu les yeux brûlés par des cigarettes.

Son cas avait été évoqué par le secrétaire au Foreign Office, David Miliband, au cours d'une visite à Pékin à la mi-mars.

Berlin a pour sa part réclamé sa libération.