Des hommes armés qui retenaient 47 otages depuis jeudi dans la jungle du sud des Philippines, menaçant de les tuer, les ont tous relâchés dimanche, après avoir obtenu des autorités l'assurance qu'ils ne seraient pas arrêtés.

Le vice-gouverneur local a annoncé à la presse que ce dénouement faisait suite à un accord par lequel le gouvernement garantit la liberté aux ravisseurs, un groupe criminel composé de membres d'une tribu locale.

Cette prise d'otages, qui semble due à des rivalités au sein de la tribu des Manobo, constitue un nouvel épisode de violence dans le sud des Philippines, une région où les forces gouvernementales luttent contre des rébellions islamiste et communiste, des milices armées, une corruption rampante et des actes de piraterie.

Jeudi, 75 personnes avaient été prises en otage par un groupe d'une quinzaine d'hommes armés, d'anciens guérilleros communistes de la tribu des Manobo, qui avaient attaqué une école d'un petit village dans la province d'Agusan del Sur, sur l'île méridionale de Mindanao.

18 otages, 17 enfants et un instituteur, avaient été libérés le jour même puis dix autres le lendemain.

Depuis, les négociations se poursuivaient sur diverses demandes des ravisseurs. Le groupe réclamait que des accusations de meurtre et des mandats d'arrêt à son encontre soient levés et qu'un clan familial rival soit désarmé.

«Déclarons officiellement que tous les otages ont été libérés. Enfin», a annoncé le vice-gouverneur, Santiago Cane, dans un message envoyé dimanche aux journalistes sur leurs téléphones portables, après avoir récupéré les otages dans la jungle montagneuse.

Les otages, âgés de 17 à 62 ans, visiblement épuisés, ont été conduits en camion militaire jusqu'à la capitale provinciale, Prosperidad, où ils ont été hospitalisés.

Quelques heures plus tôt, Santiago Cane et d'autres représentants du gouvernement avaient rencontré le chef des ravisseurs, Ondo Perez.

Des chefs tribaux avaient même été appelés pour procéder à un sacrifice rituel d'animaux, comme réclamé par Ondo Perez. Un cochon noir et trois poulets ont été sacrifiés, tandis que dix oeufs et dix bouteilles de vin local ont été offerts aux dieux.

Après la cérémonie, le chef des kidnappeurs et les négociateurs ont scellé l'accord qui met les membres du gang à l'abri de toute poursuite policière, a indiqué Santiago Cane.

L'affaire en revanche va être portée devant les anciens de la tribu des Manobo, comme le permettent les lois locales qui régissent la vie des groupes indigènes aux Philippines.

Le sud des Philippines est en proie à des violences qui vont en crescendo, notamment depuis le massacre, le 23 novembre, de 57 civils, dont 26 femmes, abattus par des hommes armés à la solde du gouverneur de la province de Maguindanao, sur l'île de Mindanao.

Cinq membres du clan du gouverneur, Andal Ampatuan Sr, accusé d'être responsable de ce massacre apparemment lié à des rivalités politiques entre familles locales, ont été arrêtés, dont l'un des fils du gouverneur.