La presse officielle birmane a mis en garde jeudi contre tout appel à manifester à la veille du verdict dans le procès de l'opposante et prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, jugée pour avoir enfreint les règles de son assignation à résidence.

«Nous devons nous prémunir contre les éléments subversifs et les perturbations», a indiqué le New Light of Myanmar, le porte-voix du régime.

«Surveillez si des gens appellent le peuple à descendre dans la rue pour prendre le pouvoir. Ce sont des éléments anti-démocratiques et non des militants pro-démocratie», écrit encore le journal de langue anglaise.

Aung San Suu Kyi, icône mondiale du combat démocratique, sera fixée vendredi sur son sort judiciaire par la junte qui l'accuse d'avoir violé les règles de son assignation à résidence dans un procès qui a mobilisé la communauté internationale.

Elle est accusée d'avoir hébergé les 4 et 5 mai un Américain de 53 ans, John Yettaw, qui, dans des circonstances mystérieuses, a réussi à gagner à la nage sa demeure, située au bord du lac Inya, à Rangoun.

M. Yettaw, mormon et ancien militaire qui est lui aussi jugé avec les deux dames de compagnie de Mme Suu Kyi, a affirmé qu'il s'était rendu chez l'opposante après avoir eu «une vision selon laquelle elle allait être assassinée».

La lauréate du prix Nobel de la paix 1991 risque jusqu'à cinq années d'emprisonnement, ce qui l'écarterait de facto du paysage politique pendant les élections controversées que la junte entend organiser en 2010.

«Nous attendons juste la journée de demain. J'espère que Aung San Suu Kyi sera libérée, conformément à la loi», a déclaré à l'AFP Nyan Win, l'un des avocats de l'opposante et porte-parole de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND).

La junte birmane s'emploie depuis près de 20 ans à museler «La Dame» de Rangoun, dont elle redoute la popularité toujours grande.

Les chancelleries occidentales ont qualifié le procès de «farce» visant à justifier son maintien en détention. La période d'assignation à résidence de Mme Suu Kyi expirait théoriquement le 27 mai et nombre d'observateurs ont estimé qu'avec ce procès, la junte avait trouvé un prétexte pour prolonger sa détention.