Environ 10 000 personnes ont manifesté dimanche sur une place d'Istanbul contre les violences au Xinjiang pour dénoncer la répression des autorités chinoises dans cette région du nord-ouest de la Chine, peuplée de Ouïghours turcophones et musulmans.

Le rassemblement organisé à l'appel du parti pro-islamiste du Bonheur (Saadet) s'est déroulé sur la place Caglayan, dans la partie européenne de la première métropole turque, a constaté un photographe de l'AFP.

Les manifestants qui arboraient notamment des drapeaux ouïghours du «Turkestan oriental» -- bleu clair avec un croissant de lune et une étoile de couleur blanche--, ont scandé «Chine criminelle libère le Turkestan oriental» et «Non à l'assimilation» des Ouïghours par l'administration chinoise.

La Turquie, qui rejette officiellement tout séparatisme turcophone au Xinjiang, compte une importante communauté ouïghoure, estimée à plusieurs dizaines de milliers de personnes. Leur cause est notamment soutenue par les organismes nationalistes et pro-islamistes.

Des personnes arboraient également des portraits de la dissidente en exil, Rebiya Kadeer, dirigeante du Congrès mondial ouïghour, à laquelle le gouvernement turc a indiqué qu'il fournirait un visa de séjour.

Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, dont le pays nie catégoriquement avoir commis un génocide à l'encontre de sa population arménienne pendant la Première guerre mondiale, sous l'Empire ottoman, évoquant des massacres, s'était élevé vendredi contre «une sorte de génocide» au Xinjiang visant les Oüïghours.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, s'est entretenu dimanche au téléphone avec son homologue chinois Yang Jiechi pour lui indiquer combien la Turquie était «sensible» aux événements survenus au Xinjiang, a indiqué l'agence de presse Anatolie.

Des troubles interethniques survenus depuis dimanche dernier à Urumqi, la capitale du Xinjiang, ont fait au moins 184 morts, selon un bilan des autorités régionales, mais beaucoup plus selon la dissidence ouïghoure en exil.