La Corée du Nord, qui a procédé à six tirs de missiles depuis son essai nucléaire de lundi, semble cette fois selon la Corée du Sud se préparer à lancer un engin balistique de longue portée. Le secrétaire d'État américain Robert Gates a lancé samedi une ferme mise en garde au régime communiste de Pyongyang, assurant que Washington ne resterait pas «les bras croisés» face à la menace.

Des images prises par des satellites espions américains ont montré des signes d'activité accrue, a assuré sous couvert de l'anonymat un responsable du ministère sud-coréen de la Défense. Les militaires nord-coréens, a-t-il précisé, s'apprêtent à transporter par train un missile à longue portée depuis son usine à proximité de la capitale Pyongyang vers son pas de tir de Musudan-ni, dans le nord-est du pays. Selon un responsable du renseignement cité par l'agence de presse sud-coréenne Yonhap, deux semaines environ seront nécessaires pour achever les préparatifs. Le missile pourrait être testé aux alentours du 16 juin, lorsque les présidents américain et sud-coréen se rencontreront à Washington. Il pourrait s'agir selon les spécialistes d'un fusée à trois étages, d'une portée possible de 6 700km et donc capable d'atteindre par exemple l'Alaska. L'engin serait d'une taille similaire au missile balistique testé par Pyongyang en avril.

La Corée du Nord avait procédé vendredi à un nouveau tir de missile de courte portée au large de ses côtes orientales, avertissant qu'elle prendrait des mesures de «légitime défense» en cas de sanctions des Nations unies après son essai nucléaire de lundi. Le régime communiste a également fait savoir depuis qu'il ne se sentait plus tenu par l'accord d'armistice de 1953 ayant mis fin à la guerre de Corée.

«Nous ne resterons pas les bras croisés» à regarder Pyongyang mettre en place la «capacité de semer la destruction sur n'importe quel objectif en Asie, ou sur nous», a mis en garde samedi le secrétaire américain à la Défense Robert Gates, en ouverture d'un sommet annuel à Singapour sur la sécurité et la défense en Asie-Pacifique.

M. Gates n'a pas donné plus de précisions sur les modes de riposte possibles. Il a déjà affirmé que les États-Unis n'avaient pas prévu de plan de déploiement de forces américaines supplémentaires dans la région.

Les États-Unis ont besoin de 90 jours pour renforcer leur présence en hommes dans la région. Washington maintient environ 250 000 soldats dans le Pacifique, dont 28 000 stationnés en Corée du Sud.

Alors que la Corée du Nord a affirmé avoir effectué un nouvel essai nucléaire lundi et a testé de nouveaux missiles balistiques, le chef du Pentagone a estimé que le programme nucléaire de Pyongyang était «le signe avant-coureur d'un avenir sombre». Il a toutefois précisé qu'il ne le considérait pas comme une menace militaire directe «à ce stade».

Comparant le programme nord-coréen à celui de l'Iran, Robert Gates a appelé à de «véritables sanctions sévères» contre ces deux pays. «Le choix de demeurer un paria international démuni ou de s'engager sur une nouvelle voie n'appartient qu'à la Corée du Nord», a-t-il également déclaré. «Le monde attend».

Lui succédant à la tribune de la conférence, le général chinois Ma Xiaotian, chef d'état-major adjoint de l'Armée populaire, a affirmé que Pékin était «résolument opposé à la prolifération nucléaire», appelant la communauté internationale à «garder la tête froide et à prendre des mesures pour traiter le problème».

Les cinq membres permanents du conseil de sécurité de l'ONU (États-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne), le Japon et la Corée du Sud ont évoqué mardi un possible renforcement des sanctions contre la Corée du Nord. Le conseil de sécurité, selon des sources diplomatiques, travaille sur un projet de résolution dénonçant «dans les termes les plus fermes» le récent essai nucléaire nord-coréen, conduit en «violation flagrante» d'une résolution de 2006 condamnant un premier test cette année-là.

Le projet de résolution appelle la communauté internationale à appliquer pleinement les sanctions décidées en 2006, dont un embargo partiel sur les armes -jamais véritablement mis en oeuvre.