La Birmanie a rejeté jeudi «les pressions et les ingérences de l'étranger» en liaison avec le procès de l'opposante Aung San Suu Kyi, lors d'une réunion entre ministres européens et du Sud-Est asiatique dans la capitale cambodgienne, Phnom Penh.

Maung Myint, vice-ministre birman des Affaires étrangères, a déclaré que les accusations contre Mme Suu Kyi étaient une «affaire judiciaire interne». «Ce n'est pas politique, ce n'est pas une question des droits de l'homme», a affirmé ce représentant du régime des généraux lors d'une réunion entre les dix pays de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean), dont la Birmanie est membre, et les 27 pays de l'Union européenne (UE).

«C'est pourquoi nous n'acceptons pas les pressions et les ingérences de l'étranger», a dit Maung Myint, en affirmant espérer que «les excellences de l'étranger, en particulier de l'UE, comprennent davantage» la situation en Birmanie.

La réunion de Phnom Penh entre ministres européens et du Sud-Est asiatique avait débuté quelques heures plus tôt sur des engagements à renforcer la coopération entre les deux régions, mais le procès controversé de Mme Suu Kyi planait sur l'issue de la réunion.

Comme on lui demandait quel message serait envoyé à la Birmanie, le ministre thaïlandais des Affaires étrangères Kasit Piromya, dont le pays préside actuellement l'Asean, a répondu: «Je pense que vous le verrez dans la déclaration conjointe (en fin de journée)».

Lors d'une réunion informelle mercredi, des ministres du Sud-Est asiatique avait mis la Birmanie face à ses responsabilités pour le traitement de Mme Suu Kyi, jugée depuis le 18 mai dans une prison au nord de Rangoun pour avoir, selon les autorités, enfreint les règles de son assignation à résidence en hébergeant un Américain qui a traversé un lac à la nage pour la rencontrer.

Mme Suu Kyi, lauréate du prix Nobel de la paix privée de liberté pendant plus de 13 des 19 dernières années, est passible de cinq ans de prison si elle est condamnée dans cette nouvelle affaire rocambolesque.

L'Asean évite traditionnellement de s'ingérer dans les affaires intérieures des Etats membres mais, la semaine dernière, elle s'était montrée «gravement préoccupée» par le procès de Mme Suu Kyi, dans une déclaration relayée par la Thaïlande.

Evoquant le sort de l'opposante et des autres détenus politiques, soulevé lors de la réunion informelle des ministres du Sud-Est asiatique mercredi, le secrétaire général de l'Asean, Surin Pitsuwan, a noté que cette situation «affectait l'image et les intérêts collectifs de l'Asean».