Après plusieurs jours de manifestations anti-gouvernementales qui ont paralysé Bangkok, le passeport personnel de l'ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra a été annulé et des mandats d'arrêt ont été lancés contre 14 chefs de l'opposition.

Selon Tharit Charungvat, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, son passeport a été annulé dimanche, jour de l'imposition de l'état d'urgence dans tout le pays: la veille, les manifestants avaient envahi le site du sommet régional de l'ASEAN à Pattaya, obligeant les responsables à annuler la rencontre et évacuer les dirigeants étrangers.

Et mardi, un tribunal a lancé un mandat d'arrêt contre Thaksin et 13 autres chefs du mouvement. «Si nous pensons que le détenteur d'un passeport fait quoi que ce soit susceptible de porter atteinte à la sécurité de la nation, alors nous avons le droit d'annuler ce passeport», a-t-il déclaré.

Les autorités surveillaient donc les aéroports, pour éviter que les dirigeants recherchés ne fuient le pays, selon la télévision. Trois des 14 personnes recherchées sont sous les verrous, et devraient comparaître en justice jeudi, ont précisé leurs avocats.

Thaksin lui vit en exil depuis le putsch qui l'a renversé en 2006 et son inculpation pour corruption. Depuis également, la Thaïlande est plongée dans une grave crise politique, les partisans de l'ancien Premier ministre déchu, très mobilisés, empêchant tout retour à la normale.

Thaksin, qui serait actuellement à Dubaï, a ces derniers jours jeté de l'huile sur le feu, appelant à une «révolution».

Pendant une semaine, jusqu'à 100.000 personnes ont paralysé Bangkok, où la situation était devenue insurrectionnelle, des émeutes et affrontements violents averc les forces de l'ordre faisant deux morts et 123 blessés.

Mais les manifestations ont brutalement cessé mardi, les dirigeants des «chemises rouges» stoppant net le mouvement plutôt que d'aller vers une véritable confrontation armée, et exhorté les quelque 2.000 militants les plus motivés à rentrer chez eux.

Malgré cette résolution inattendue, on ne s'attendait pas à ce que l'opposition s'arrête là, après avoir démontré sa capacité de mobilisation.

L'état d'urgence était toujours en vigueur mercredi, les soldats patrouillant les rues quasi-désertées de la capitale.

Selon l'historien Charnvit Kasetsiri, si la «convulsion politique» semble s'apaiser pour le moment, la tension demeure entre l'élite urbaine et les masses rurales pauvres, qui ont été enrôlées par les pro-Thaksin. «Le gouvernement a sous-estimé la colère des personnes marginalisées et des campagnes», estime-t-il, et s'il ne s'attaque pas à combler ce fossé, «ça ne sera pas la dernière émeute».