Au moins 54 personnes sont mortes noyées en Indonésie après avoir été surprises en plein sommeil dans la nuit de jeudi à vendredi par des torrents de boue provoqués par la rupture de la digue d'un lac dans la banlieue de Jakarta, selon le ministère de la Santé.

Au milieu des branches et des débris, les secours ont travaillé toute la journée de vendredi à la recherche des victimes alors qu'un nombre indéterminé de personnes restaient portées disparues.

«Le désastre est survenu tellement soudainement. Il a surpris les gens dans leur sommeil. Ils n'ont pas pu s'enfuir», a expliqué à l'AFP Danang Susanto, un responsable du ministère de la Santé.

La digue de terre protégeant le lac artificiel de Situ Gintung a commencé à craquer vers 02H00 (19H00 GMT jeudi) avant de se rompre sur une vingtaine de mètres, vidant rapidement la quasi-totalité de l'eau de la retenue.

Dans les heures précédentes, «il avait beaucoup plu et le fort vent avait déraciné des arbres» autour du lac, a précisé M. Susanto.

En quelques minutes, environ 500 habitations ont été dévastées, l'eau emportant des toits, et parfois des murs.

Les zones les plus touchées, situées à Cireundeu et Tangerang, dans le sud de l'agglomération de Jakarta, sont extrêmement peuplées et construites essentiellement de petites maisons peu solides.

«J'ai été réveillé par le contact de l'eau sur mon visage. Je suis monté sur le toit pour sauver ma vie. J'entendais des gens crier et pleurer. J'étais en état de choc», a témoigné auprès de l'AFP Ghufron, un étudiant de 17 ans, en ajoutant que l'un de ses oncles était mort et que trois autres membres de sa famille restaient introuvables.

«C'était comme de se retrouver au milieu d'un tsunami. Les gens criaient: "l'eau monte, l'eau monte" et notre chien aboyait», a précisé Minu, un habitant du quartier le plus touché où l'eau est montée jusqu'à six mètres de haut.

Mabruri, un autre résident, a survécu mais sa maison «a été dévastée et deux voisins font partie des victimes». «Lorsqu'il pleut, il y a des inondations mais un tel désastre n'était jamais arrivé auparavant».

Une employée d'un hôpital local a indiqué que les corps des morts «étaient tout bleus et couverts de boue». Quant aux 38 blessés recensés, ils ont été généralement victimes des débris et branches emportées par l'eau. Il n'y a pas d'étranger parmi les victimes, selon le ministère de la Santé.

Les inondations et les glissements de terrain ne sont pas rares en Indonésie durant la saison des fortes pluies de mousson, qui correspond à l'hiver dans l'hémisphère nord. Les dégâts sont accentués par le manque d'investissements et d'entretien des infrastructures.

L'urbanisation mal contrôlée est également mise en cause, un habitant de Cireundeu ayant estimé que la construction récente de nouvelles maisons avait pu fragiliser les fondations de la digue.

Les responsables politiques, dont le président Susilo Bambang Yudhoyono, ont brièvement interrompu la campagne pour les élections législatives du 9 avril pour se rendre sur les lieux du désastre. «Notre priorité est d'aider les survivants à identifier les morts et à prévenir les maladies qui pourraient se développer», a annoncé sur place la ministre de la Santé, Siti Fadilah Supari.