Une grande partie des régions tibétaines de l'ouest de la Chine ont été fermées aux journalistes étrangers en cette semaine d'anniversaires sensibles, malgré les engagements d'ouverture de Pékin.

A des centaines de kilomètres de la grande ville la plus proche, Xining, capitale de la province du Qinghai, des policiers se trouvent dans un paysage enneigé, à un poste de contrôle.

Ils empêchent les journalistes d'aller plus loin vers les zones peuplées de communautés tibétaines. Une scène qui s'est répétée à plusieurs reprises au cours de la semaine.

D'où l'impossibilité de vérifier les affirmations du gouvernement selon lequel les populations tibétaines sont heureuses et veulent vivre en paix un an après des émeutes au Tibet et dans les régions environnantes.

Et 50 ans après la fuite en exil du dalaï lama, leur chef spirituel, au cours d'une rébellion qui allait être réprimée par les troupes chinoises.

«Ce n'est pas une zone ouverte», a expliqué un policier à une équipe de l'AFP qui se trouvait dans le Qinghai.

Pourtant, même si le Tibet reste une zone soumise à une autorisation préalable pour effectuer des reportages, les zones tibétaines de l'ouest du pays sont normalement libres d'accès pour les journalistes étrangers, selon les règles d'ouverture prises par les autorités avant les jeux Olympiques.

Dans les faits, les vieilles habitudes ont repris le dessus.

Beniamino Natale, chef du bureau de Pékin de l'agence italienne ANSA, a expliqué être arrivé lundi au monastère de Guinan, une ville où les moines lui ont parlé d'une manifestation le mois dernier, qui a abouti à neuf arrestations parmi eux.

Mais l'interview a tourné court avec l'arrivée de la police, qui a emmené le journaliste et son chauffeur à un commissariat, où ils ont été retenus pendant trois heures.

Alors que la police «harcelait» le chauffeur, trois moines du monastère ont également été interpellés, a affirmé Natale.

«Le chauffeur était effrayé. Il y a une forte présence des forces de sécurité actuellement et ils ne veulent manifestement pas de journalistes», a dit à l'AFP Natale.

Les journalistes de l'AFP se sont vu ordonner de quitter le monastère de Lajian, au Qinghai, et ont été empêchés à plusieurs reprises de se rendre dans des zones tibétaines.

Rosa Maria Mollo, responsable du bureau Asie de la télévision espagnole TVE, et deux collègues ont également été interpellés à deux reprises dans la province du Sichuan.

La police les a interrogés sur leurs activités et a effacé les images qu'ils avaient prises, a expliqué Isabel Hormaeche, membre de l'équipe.

Ensuite, la police a intimidé des personnes qu'ils voulaient interviewer, a-t-elle dit.

«Nous avons été surveillés pendant deux nuits et on nous a conseillés de loger dans un hôtel recommandé par la police. Notre interprète local et le chauffeur ont également été harcelés et interrogés la nuit dans ces hôtels», a-t-elle expliqué.

L'équipe de France 24, présente à Chengdu, capitale du Sichuan, a aussi été empêchée de travailler, une quinzaine de policiers ayant débarqué en pleine interview d'un moine tibétain chez lui.

«C'est un retour en arrière, car on nous demande des autorisations à chaque fois qu'on veut se rendre quelque part, on nous les refuse, on ne peut pas interroger qui on veut, dormir où on veut, c'est la folie», a estimé Sébastien Le Belzic, correspondant de la chaîne d'informations.