Le premier ministre chinois Wen Jiabao, a appelé mercredi de Davos à un «nouvel ordre économique mondial», pour faire face à une crise dont il a admis qu'elle avait un «gros impact» sur son pays.

Le dirigeant chinois a également déclaré que la Chine était prête travailler avec la communauté internationale pour stabiliser les marchés et relancer la croissance.

Il a notamment appelé la nouvelle administration américaine à la «coopération» plutôt que la «confrontation» face à la crise, sans toutefois mentionner les accusations de Washington selon lesquelles Pékin manipulerait le cour de sa monnaie, le yuan, pour préserver sa compétitivité.

La crise financière a eu un «gros impact» sur l'économie chinoise, notamment pour l'emploi et les exportations du pays, a-t-il reconnu devant un parterre de responsables politiques et d'hommes d'affaires présents au Forum économique mondial (WEF).

Les coupables sont selon lui les pays qui avait adopté «un modèle de développement intenable caractérisé par une faible épargne sur une longue période et une forte consommation». Une allusion à peine voilée aux Etats-Unis.

La Chine, à l'inverse, a agi «en grand pays responsable», a-t-il assuré.

Après une croissance de 9% en 2008 -en recul par rapport aux années précédentes-, il s'est fixé pour objectif «ambitieux» de parvenir à 8% en 2009. Moins optimiste, le Fonds monétaire international prévoit pour sa part une croissance limitée à 6,7% de la troisième économie mondiale.

Le Premier ministre a toutefois assuré, sur un ton plus optimiste, que les «fondamentaux de l'économie chinoise restent inchangés» et qu'elle reste «sur la voie d'un développement rapide et ferme».

«L'établissement d'un nouvel ordre économique mondial» qu'il a appelé de ses voeux passe notamment par une réforme des grandes institutions financières internationales et une régulation accrue des marchés des capitaux.

Il a notamment appelé les pays riches à «assumer leurs responsabilités» pour «minimiser» l'impact de la crise sur les pays en voie de développement.

Cette étape à Davos constitue l'un des temps forts d'une tournée en Europe du chef du gouvernement chinois, destinée à relancer un dialogue mis à mal par le Tibet.

La gravité de la crise mondiale a manifestement amené Pékin à reléguer au second plan ses griefs contre les Européens, après les tensions provoquées l'an dernier par la représsion des manifestations au Tibet.

Pékin avait notamment annulé un sommet UE-Chine à Lyon (France), pour marquer sa colère avant un entretien prévu entre le président français Nicolas Sarkozy et le dalaï lama.

Après Davos, M. Wen, accompagné de nombreux ministres et hommes d'affaires chinois, doit se rendre à Berlin, Bruxelles, Madrid et Londres.

Cette tournée européenne ne comprend pas la France, au premier plan des tensions sino-européennes l'an dernier sur le Tibet. Pékin dit toujours attendre «un geste» après la rencontre de M. Sarkozy avec le dalaï lama, mais a aussi assuré vouloir «travailler (avec Paris) à améliorer les relations bilatérales».

Matthieu Ricard, interprète du dalaï lama en France, était présent à Davos où une manifestation de militants pro-tibétains hostiles à la présence du dirigeant chinois a réuni une centaine de personnes. Quelque 5.000 militaires et policier assurent la protection du sommet.