Deux jours après le début des attaques coordonnées qui ont fait plus de 150 morts à Bombay, la capitale économique de l'Inde était toujours dans la tourmente vendredi. Si des commandos indiens ont mis fin au siège de l'hôtel Oberoi et au siège local de la communauté juive ultra-orthodoxe loubavitch, de nouveaux affrontements se déroulaient en revanche à l'hôtel Taj Mahal.

Le bilan des attaques s'élève à 155 morts et 327 blessés, a annoncé samedi la chaîne de télévision CNN-IBN. La chaîne NDTV a de son côté fait état sur son site internet de 154 morts et 327 blessés, tandis que l'agence d'information Press Trust of India (PTI), citant un ministre non identifié, écrivait que le bilan final pourrait atteindre 200 morts.

Au moins neuf assaillants, des islamistes présumés, ont été tués et un autre a été arrêté, a indiqué R. Patil, haut responsable de l'état de Maharashtra, dont Bombay est la capitale.

Au centre loubavitch, cinq otages et deux terroristes sont morts, selon les services de secours israéliens ZAKA. Selon l'organisation Chabad loubavitch, le rabbin et son épouse figurent parmi les victimes, alors que leur fils de deux ans, sauvé jeudi, avait été récupéré par ses grands-parents arrivés d'Israël. Le siège du bâtiment aura duré une journée. L'intervention avait vu une équipe commando descendre en rappel depuis des hélicoptères pour reprendre le bâtiment. Les hommes avaient été accueillis par une série de tirs et d'explosions qui avaient percé d'énormes trous dans les murs.

Les forces de l'ordre ont également repris vendredi l'hôtel Oberoi, abattant les deux derniers assaillants qui se trouvaient à l'intérieur du bâtiment. «L'hôtel est sous notre contrôle», a déclaré J.K. Dutt, directeur général de la Garde de sécurité nationale, en précisant que 24 cadavres avaient été découverts à l'Oberoi. D'autres personnes avaient pu être évacuées auparavant, dont une vingtaine de membres d'équipage de Lufthansa et d'Air France.

Si les choses semblaient réglées au centre loubavitch et à l'hôtel Oberoi, il n'en était rien à l'hôtel Taj Mahal, gigantesque établissement de 565 chambres.

R. Patil estimait que jusqu'à six assaillants pouvaient encore se trouver à l'intérieur, tandis que d'autres responsables évoquaient plutôt un ou deux terroristes.

Vendredi à la tombée de la nuit, les affrontements redoublaient d'intensité. Les forces indiennes lançaient des grenades sur l'hôtel où au moins un activiste était retranché dans une salle de bal.

Jeudi soir, après l'évacuation d'environ 400 personnes, des responsables avaient annoncé que l'hôtel avait été nettoyé, avant de se rétracter et d'indiquer que deux à trois assaillants devaient encore s'y trouver, avec une quinzaine de personnes.

Les attaques coordonnées ont commencé mercredi soir vers 21h20, visant dix cibles dont les deux luxueux hôtels et le centre juif, mais aussi un restaurant fréquenté par des touristes, deux hôpitaux et la gare Chhatrapati Shivaji, l'une des plus fréquentées au monde.

Les assaillants semblent être arrivés à Bombay par bateau et ils étaient bien préparés.

«Il est évident qu'ils ont été entraînés quelque part», a déclaré un membre des commandos de marine indiens. «Tout le monde ne peut pas manier la Kalachnikov ou lancer des grenades comme ça». L'un de leurs sacs à dos était bourré de munitions.

Le ministre indien des Affaires étrangères a pointé vendredi un doigt accusateur en direction du Pakistan. «Selon des informations préliminaires, certains éléments au Pakistan sont responsables des attaques terroristes de Bombay», a déclaré Pranab Mukherjee, accusant des groupes basés de l'autre côté de la frontière, et non le gouvernement pakistanais lui-même.

L'assaillant qui a été capturé est de nationalité pakistanaise, a rapporté le ministre de l'Intérieur Jaiprakash Jaiswal. «Il est très clair que les terroristes viennent du Pakistan», a également déclaré R. Patil.

Le ministre pakistanais de la Défense Ahmed Mukhtar a nié toute implication d'Islamabad: «Je dirai en des termes très catégoriques que le Pakistan n'est pas impliqué dans ces incidents sanglants».