Le Japon a un nouveau premier ministre, le troisième depuis 2006. Taro Aso a été désigné mercredi, sans surprise, par le Parlement, succédant à Yasuo Fukuda, qui avait présenté sa démission dans la matinée.

Taro Aso, ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Fukuda, avait été élu lundi président du Parti libéral démocrate, un poste lui assurant presque immanquablement de devenir premier ministre, le PLD étant majoritaire à la Diète.La chambre basse du Parlement a sans surprise voté en sa faveur, alors que la chambre haute, dominée par l'opposition, a voté pour Ichiro Osawa, qui dirige le Parti démocrate. Mais la Diète a passé outre ce vote, comme elle a la possibilité de le faire, permettant à Taro Aso d'être officiellement nommé premier ministre.

Connu pour ses petites phrases acerbes et son charisme, le nouveau chef du gouvernement va hériter d'une situation politique délicate, qui a vu le gouvernement secoué par les scandales et paralysé par l'opposition majoritaire au Sénat, dans une période d'incertitudes liées à crise financière.

La période actuelle «n'est pas une période de stabilité», a-t-il déclaré mercredi matin devant la presse. C'est «une période de turbulences avec la situation financière et tout le reste». Il a promis des «mesures d'urgence» pour relancer l'économie. Il n'en a pas dit davantage, précisant simplement qu'elles cibleraient les travailleurs et les petites et moyennes entreprises.

Sa première mission a été de former un gouvernement capable de retrouver la confiance populaire, alors que des législatives pourraient être convoquées d'ici la fin de l'année. Il a misé sur la stabilité, en mettant sur sa liste des personnalités déjà présentes dans le gouvernement actuel ou les précédents.

Ainsi, Shoichi Nakagawa, ancien ministre de l'Economie réputé proche de l'aile droite du PLD, a récupéré le portefeuille des Finances. Il y a deux ans, lui et le nouveau premier ministre avaient suscité la polémique en suggérant que le Japon, dont la Constitution interdit au gouvernement d'utiliser la force militaire sur des théâtres d'intervention extérieure, devait avoir un débat sur l'acquisition de l'arme nucléaire.

Taro Aso devra prochainement prendre une décision sur la tenue de législatives anticipées. Avancer la date du scrutin, en principe prévu pour septembre 2009, serait un véritable défi pour le PLD, qui tient les rênes du pays depuis la quasi-totalité des 53 dernières années. Son prédécesseur, personnage austère, avait en effet perdu la confiance du public, fragilisé par des scandales de disparition de dossiers de retraite, de corruption et de fraude fiscale.

Descendant d'une famille politique du sud du Japon, Taro Aso est le premier catholique à diriger le gouvernement. A 68 ans, il fume le cigare, est un adepte des mangas et a participé aux Jeux olympiques de 1976 à Montréal, dans la catégorie ball-trap.

Mais en dehors de ces anecdotes, il est surtout le petit-fils de l'ancien premier ministre Shigeru Yoshida et le gendre de l'ex-chef du gouvernement Zenko Suzuki. Il a notamment étudié aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, avant de prendre les rênes en 1976, et jusqu'en 1979, de l'entreprise familiale Aso Cement.

Elu au Parlement pour la première fois en 1979, il a occupé plusieurs postes ministériels, notamment à l'Economie et, plus récemment, aux Affaires étrangères.