Le gouvernement du président Nicolas Maduro a réaffirmé mardi le maintien de son projet de Constituante malgré les menaces de rétorsions économiques «fortes» du président Donald Trump, dont le pays est le principal importateur du pétrole vénézuélien.

Cette poussée de tension intervient deux jours après le succès de la consultation symbolique de l'opposition vénézuélienne, qui a vu 7,6 millions de personnes se prononcer pour le retrait de l'assemblée constituante.

«Les États-Unis ne resteront pas immobiles pendant que le Venezuela s'effondre. Si le régime Maduro impose son Assemblée constituante le 30 juillet, les États-Unis adopteront des mesures économiques fortes et rapides», a sommé lundi Donald Trump dans un communiqué, sans détailler les mesures.

Qualifiant Nicolas Maduro de «mauvais dirigeant rêvant de devenir dictateur», M. Trump a appelé «à la tenue d'élections justes et libres» et assuré que les États-Unis «se tiennent au côté du peuple vénézuélien dans sa quête pour ramener son pays vers une démocratie totale et prospère».

Nicolas Maduro a répliqué mardi en convoquant le Conseil national de défense (CND) - plus haute instance constitutionnelle pour les affaires de sécurité -, réunissant notamment le ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino Lopez, le président de la Cour suprême, Maikel Moreno, et la présidente de l'autorité électorale, Mme Tibisay Lucena, tous trois accusés par l'opposition d'être inféodés au pouvoir. 

«Menace impériale» 

«Notre patrie, aucun gouvernement étranger ne lui donne d'ordre ni la gouverne», a déclaré le président, promettant une réponse «très ferme» à la «menace impériale» de Washington.

Auparavant, le chef de la diplomatie vénézuélienne, Samuel Moncada, avait assuré que «rien ni personne» n'arrêterait le projet de Constituante, dénonçant «l'insolente menace d'un empire xénophobe et raciste».

Encouragée par la participation massive à la consultation, l'opposition vénézuélienne a appelé à une grève générale de 24 heures jeudi pour tenter de faire échec au projet du président socialiste.

Le pays pétrolier sud-américain, autrefois le plus riche d'Amérique du Sud mais actuellement secoué par une grave crise économique due à la chute des cours de l'or noir, exporte quelque 800 000 barils par jour aux États-Unis, sur une production totale d'un peu plus de 1,9 million par jour, selon l'entreprise d'État PDVSA.

Outre les États-Unis, la consultation symbolique de dimanche a reçu le soutien des Nations unies et de plusieurs gouvernements d'Amérique latine et d'Europe qui font également pression sur le gouvernement Maduro.

La chef de la diplomatie de l'UE Federica Mogherini a appelé lundi à des «gestes politiques» du gouvernement pour «faire retomber la tension», telle la suspension «du processus d'Assemblée constituante».

Interrogée sur l'éventualité de sanctions européennes contre le Venezuela, Mme Mogherini a répondu que «toutes les options sont sur la table». Nicolas Maduro l'a qualifiée d'«insolente».

«Sortie négociée»? 

«La pression internationale seule ne sera pas déterminante, mais elle pourrait faciliter le dénouement de la crise», car la Constituante aura «un coût pour les intérêt économiques et politiques du gouvernement», en réduisant sa marge de manoeuvre, a déclaré Mariano De Alba, expert en relations internationales.

«Il est possible que les menaces de la communauté internationale persuadent au moins certains groupes qui soutiennent le régime que le plus convenable serait de chercher une sortie négociée», a-t-il ajouté.

Le Parlement est le seul organe du pouvoir vénézuélien contrôlé par les antichavistes, du nom d'Hugo Chavez, président de 1999 à sa mort en 2013, dont M. Maduro est l'héritier. Et dans le cadre de l'«offensive» de l'opposition contre le chef de l'Etat, les élus de l'opposition comptent nommer vendredi de nouveaux magistrats à la Cour suprême (TSJ), accusée de servir le pouvoir.

Les membres de la coalition à l'origine de la consultation de dimanche, la Table de l'Unité démocratique (MUD), vont également signer mercredi un accord en vue de la formation d'un futur «gouvernement d'union nationale».

En outre, le dirigeant antichaviste Freddy Guevara a redit que l'opposition était prête à dialoguer, à condition toutefois que le gouvernement renonce à l'élection des 545 membres de la Constituante, prévue le 30 juillet.

Après plus de trois mois de manifestations violentes qui ont fait 96 morts dans le pays, la MUD espère provoquer des élections anticipées avant la fin du mandat de M. Maduro en décembre 2018.

Ce dernier assure que la Constituante vise à apporter paix et stabilité économique au pays, mais l'opposition pense qu'elle servira à contourner l'Assemblée nationale et à instaurer une «dictature».