Le secrétaire d'État américain Rex Tillerson est arrivé mercredi à Mexico pour une visite de deux jours au cours de laquelle il rencontrera le président Enrique Peña Nieto et plusieurs de ses ministres, en pleine crise diplomatique entre les deux pays.

Le secrétaire américain à la Sécurité intérieure John Kelly doit rejoindre M. Tillerson dans la capitale mexicaine pour participer aux différentes réunions.

Cette visite intervient en pleine tension entre les deux pays, un mois après l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche.

Le magnat de l'immobilier a lancé le projet de construction d'un mur frontalier qu'il veut faire payer par son voisin du Sud. Et le département de la Sécurité intérieure, en application d'un décret du 25 janvier de M. Trump, a établi mardi de nouvelles consignes pour accélérer les expulsions d'immigrés illégaux, dont beaucoup sont Mexicains.

M. Trump a également menacé de taxer l'argent envoyé à leur famille par les Mexicains vivant aux États-Unis et affirmé vouloir renégocier, voire abroger, l'accord de libre-échange nord-américain ALENA, trop favorable selon lui aux intérêts du Mexique.

Devant l'insistance de M. Trump à vouloir faire payer le mur frontalier par le Mexique, le président Peña Nieto avait annulé une visite prévue le 31 janvier à Washington.

S'efforçant de faire baisser la tension, les deux gouvernements ont assuré qu'ils avaient entamé un «dialogue constructif» depuis la visite du ministre mexicain des Affaires étrangères Luis Videgaray il y a deux semaines à Washington, où il a rencontré M. Tillerson.

«Il est significatif que le président envoie ces ministres au Mexique si tôt dans son mandat. C'est symbolique de la relation significative qui unit nos deux nations», avait commenté devant les journalistes le porte-parole de la Maison-Blanche Sean Spicer, un peu plus tôt dans la journée à Washington.

Les deux gouvernements vont se réunir «pour améliorer la qualité de vie des peuples du Mexique et des États-Unis en combattant les trafiquants de drogue et en trouvant des façons de dynamiser nos deux économies à travers une relation plus large favorisant le commerce et l'immigration légale», a-t-il ajouté.

Néanmoins, quelques heures avant l'arrivée de M. Tillerson, M. Videgaray a rappelé clairement que le Mexique refuserait de se voir imposer de façon unilatérale par les États-Unis des restrictions migratoires.

«Je veux dire clairement, de la façon la plus emphatique qui soit, que le gouvernement du Mexique et le peuple mexicain n'ont pas à accepter des dispositions qu'un gouvernement veut imposer de manière unilatérale à un autre», a déclaré le ministre mexicain au cours de la signature d'un accord entre le Mexique et la commission des Nations unies pour les droits de l'Homme.

M. Videgaray a assuré que les mesures migratoires décidées par les États-Unis seraient un «thème fondamental» dans les discussions. Il a indiqué que son pays agirait «par tous les moyens légaux disponibles» pour défendre les Mexicains vivant à l'étranger, au besoin en se tournant vers les organismes internationaux.

«Le Mexique et le gouvernement du Mexique n'hésiteront pas à saisir les organismes internationaux, à commencer par les Nations unies, pour défendre le droit international, les droits de l'Homme, les libertés et le processus légal pour les Mexicains de l'étranger», a-t-il prévenu.