Le président bolivien Evo Morales a inauguré mercredi une école militaire «anti-impérialiste» en réponse à l'ancienne «Ecole des Amériques», institution des États-Unis controversée pour avoir formé de nombreux dictateurs latino-américains.

Cette école, qui accueille ses 100 premiers élèves-officiers boliviens, répond à la nécessité de construire «une pensée pour affronter la domination culturelle, idéologique, politique, économique de l'empire et sa structure capitaliste», a déclaré cette figure du socialisme sud-américain.

Ces militaires auront la mission de servir «pour défendre le peuple et non pas l'empire», a ajouté le chef de l'État qui entretient des rapports tendus avec les États-Unis, depuis l'expulsion de l'ambassadeur américain en 2008.

«Les politiques militaires de l'empire visent désormais à prendre le contrôle de l'énergie, de l'eau, des matières premières stratégiques et le contrôle technologique et scientifique», a ajouté ce chantre de la gauche antilibérale en Amérique latine.

«L'impérialisme, de par ses intérêts idéologiques, politiques et économiques, a fait s'affronter les forces armées avec leur peuple durant les dictatures», a poursuivi le général Gonzalo Duran, chef des armées boliviennes, lors de la présentation de cet établissement situé à Warnes, à 35 km de Santa Cruz, dans l'est du pays.

Les nouvelles forces armées devront, selon le général, promouvoir «la décolonisation, l'égalité des genres, l'interculturalité et l'inclusion sociale».

La Bolivie, pays de 10 millions d'habitants revenu à la démocratie en 1982, après une série de coups d'État militaires, compte quelque 46 000 militaires.

L'idée de l'école «anti-impérialiste» est née en 2001 sous l'impulsion du Venezuela d'Hugo Chavez, décédé en 2013, afin de faire un contre-poids à l'ancienne Ecole des Amériques.

Ce centre militaire, fondé en 1946 aux prémices de la Guerre froide et géré par les États-Unis, a longtemps été un centre de formation dans le combat idéologique contre le communisme, d'où sortirent nombre des dictateurs de la région.

L'école, rebaptisée «Institut de l'hémisphère occidental pour la sécurité et la coopération», a été basée au Panama avant d'être transférée à Fort Benning en Géorgie.

La Bolivie avait également expulsé en 2008 du territoire l'agence antidrogue américaine (DEA), puis, en 2013, l'Agence américaine d'aide au développement (USAID), accusée de «comploter».

En août 2015, le président Morales avait cependant exprimé le souhait de «renouer de bonnes relations avec le gouvernement américain», faisant ainsi écho à la nouvelle approche diplomatique de la Maison Blanche avec d'anciens ennemis, comme l'Iran et Cuba.