La chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini a décidé mercredi de clore la mission d'observation électorale de l'UE en Haïti, qui considère injustifiée la décision du Conseil électoral provisoire (CEP) d'annuler le premier tour du scrutin présidentiel.

«Cette annonce (du CEP) et ses conséquences vont à l'encontre des conclusions de la Mission d'observation électorale de l'Union européenne», a indiqué Federica Mogherini.

Un peu plus tôt dans la matinée, la chef de la mission européenne en Haïti, Elena Valenciano, a expliqué dans un communiqué que l'analyse des documents électoraux, sur laquelle s'est basée le CEP pour annuler le vote, «comporte de nombreuses faiblesses factuelles, légales, conceptuelles et méthodologiques».

Les résultats du scrutin du 25 octobre avaient été largement contestés par l'opposition, qui avait condamné un «coup d'État électoral» au profit de l'ancien président Michel Martelly.

Le candidat du pouvoir Jovenel Moïse avait recueilli 32,76% des voix contre 25,29% pour Jude Célestin.

Face aux contestations, le second tour de scrutin, initialement prévu le 27 décembre, a été reporté deux fois, obligeant l'instauration, en février, d'un pouvoir de transition dans le pays, suite au départ sans successeur élu du président Michel Martelly.

Pour sortir de cette crise politique, une commission indépendante d'évaluation a étudié les documents électoraux pendant un mois, travail à l'issue duquel elle a recommandé fin mai l'annulation du vote. Son président François Benoit a expliqué qu'il était notamment impossible de retracer l'origine de 40% des votes.

Plus de sept mois après la tenue du scrutin et suivant la recommandation de la commission d'évaluation, le conseil électoral provisoire a annoncé lundi la réorganisation complète de la présidentielle, le 9 octobre prochain et le 8 janvier 2017.

Mais Elena Valenciano a rappelé mercredi que, selon les observateurs européens, les élections de 2015 «étaient globalement conformes aux normes internationales, ceci malgré un certain nombre de failles et d'irrégularités observées qui, cependant, n'étaient pas de nature à altérer les résultats dans leur ensemble».

Les États-Unis ont également regretté la décision des autorités haïtiennes d'annuler le premier scrutin.

«Le peuple haïtien mérite d'avoir sa voix entendue, pas reportée», a déclaré Mark Toner, porte-parole du département d'État, estimant que les résultats du 25 octobre dernier devraient être conservés.

Washington est un des principaux donateurs qui soutient la fragile économie haïtienne, mais les États-Unis sont souvent accusés de favoriser un camp plutôt qu'un autre. En l'espèce, les autorités américaines insistent sur le fait qu'elles ne veulent pas s'immiscer dans les résultats du scrutin, mais elles sont inquiètes du coût et des tensions que l'organisation d'un nouveau scrutin représentent, qui pourraient déstabiliser la région.