Le Panama a annoncé lundi fermer sa frontière avec la Colombie aux migrants cubains, devenant ainsi le troisième pays d'Amérique centrale à les empêcher de remonter jusqu'aux États-Unis.

«Face à la décision prise par d'autres pays d'Amérique centrale, en particulier le Nicaragua et le Costa Rica, nous avons pris la difficile décision de fermer la frontière avec la Colombie dans la zone de Puerto Obaldia et d'autres points frontaliers pour éviter le passage de migrants en situation irrégulière», a déclaré le président Juan Carlos Varela.

Cette annonce, qui vise à bloquer à la frontière les Cubains arrivant sans visa, est intervenue le jour où un groupe de migrants cubains clandestins, coincés au Panama depuis plusieurs semaines après la fermeture des frontières du Nicaragua et du Costa Rica, ont pris l'avion pour le Mexique, dans le cadre d'un accord entre les deux pays.

«Nous avons décidé avec le gouvernement mexicain le transfert humanitaire de plus de 3800 Cubains», a expliqué M. Varela, mais «nous devons fermer la frontière à ce flux (de Cubains en situation) irrégulière, car nous ne pouvons pas y être confrontés en permanence».

Le transfert des migrants prendra plusieurs semaines, via des vols quotidiens dont le coût est assumé par les intéressés, qui partent de la ville de Panama jusqu'à Ciudad Juarez, à la frontière entre le Mexique et les États-Unis, ce pays étant leur destination finale.

Ces migrants cubains avaient entamé leur périple en Équateur, craignant que le réchauffement diplomatique entre Washington et La Havane ne mette fin à leurs facilités de visas aux États-Unis.

Mi-avril, plus d'un millier d'entre eux étaient entrés de force au Costa Rica avant d'être renvoyés au Panama quelques heures plus tard.

Le président panaméen a appelé lundi Washington à changer sa politique migratoire, qui selon lui incite les Cubains à migrer vers ce pays.

Actuellement, les Cubains arrivant par voie terrestre aux États-Unis peuvent y entrer après vérification de leurs papiers d'identité. Ils ont ensuite un an pour demander l'asile.

Mais s'ils sont interceptés en mer, ils sont renvoyés vers Cuba, en vertu la politique migratoire américaine dite des «pieds secs, pieds mouillés».

Plus de 43 000 Cubains sont entrés aux États-Unis entre octobre 2014 et fin septembre 2015, un bond de 78% en un an, selon les douanes américaines.