La juridiction spéciale définie dans l'accord entre la guérilla des FARC et le gouvernement colombien pour juger ceux qui ont commis des crimes pendant le conflit armé ne mettra pas sur le même plan l'armée et les guérilleros, a annoncé samedi le président colombien Juan Manuel Santos.

«Nous partons du principe que tout ce que fait notre force publique est légitime», a affirmé M. Santos au cours d'une cérémonie dans la capitale Bogota.

«Les autres, tout ce qu'ils font est en dehors de la loi et de la Constitution. Cela fait toute la différence», a ajouté le président, faisant référence aux Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), avec lesquelles le gouvernement négocie à La Havane depuis novembre 2012.

Au cours de cette cérémonie, Juan Manuel Santos et ses ministres de la Justice et de la Défense, Yesid Reyes et Luis Carlos Villegas, ont signé pour les forces armées la mise en place de la juridiction spéciale définie dans le cadre de l'accord signé mardi entre les FARC et le gouvernement.

La juridiction définit notamment les procédures qui seront appliquées aux auteurs de crimes contre l'humanité, et pourra prononcer des peines aménagées pour ceux qui avouent leurs crimes, militaires comme guérilleros.

M. Santos a assuré que le contenu du document signé samedi n'a pas été «négocié avec les FARC» et que la guérilla n'aura pas son mot à dire dans la sélection des juges de ces tribunaux, qui pourront rouvrir des cas et dont les sentences seront définitives.

Parmi les délits les plus polémiques impliquant des militaires, des exécutions extrajudiciaires de civils que les soldats présentaient comme des guérilleros morts au combat afin d'obtenir des prébendes. Des centaines de militaires ont été condamnés pour ces actes.

Les peines alternatives que permet le nouveau système pour ceux qui avouent vont de 5 à 8 ans de prison, selon l'accord signé mardi. La révision des cas par la juridiction supposerait, dans la majorité des cas, une réduction de peine ou sa suspension pour les personnes déjà condamnées, a souligné le président Santos.

L'accord permet de donner «les mêmes bénéfices à notre force publique qu'à la partie adverse avec laquelle nous sommes en train de négocier la paix», a-t-il précisé.

«Si cela ne se faisait pas, je ne signais pas la paix», a ajouté le président colombien.

Tenus sans cessez-le-feu sous la médiation de Cuba et de la Norvège, les pourparlers ont déjà abouti à des accords partiels sur des points importants: réforme rurale, lutte antidrogue et participation des ex-guérilleros à la vie politique.

Après le volet «victimes», resteront à aborder le mode de ratification d'un éventuel accord de paix final et les modalités de fin du conflit.