Le président colombien Juan Manuel Santos a proposé mercredi un cessez-le-feu bilatéral avec les FARC afin d'avancer dans les pourparlers de paix avec cette guérilla, peu après avoir renforcé l'offensive contre l'ELN, second mouvement rebelle du conflit armé.

Le président Santos a proposé un «cessez-le-feu bilatéral et qui fasse l'objet d'un contrôle international à partir du 1er janvier» prochain, dans le cadre des négociations de paix menées entre son gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes) afin de mettre fin à plus de 50 ans de combats.

Au cours de son allocution télévisée depuis le palais présidentiel Casa de Nariño à Bogota, le chef de l'État de centre droit a affirmé que les négociations progressaient vers la «fin du conflit».

Le gouvernement et les FARC, qui ont entamé en novembre 2012 ces pourparlers délocalisés à Cuba - avec un nouveau cycle de discussions dont le début a été décalé de jeudi à dimanche -, se sont engagés à signer un accord définitif de paix d'ici le 23 mars prochain.

Cette guérilla, la plus ancienne et importante de Colombie issue en 1964 d'une insurrection paysanne, compte encore environ 7000 combattants, selon les autorités, et a décrété un cessez-le-feu unilatéral le 20 juillet dernier.

Pour sa part, le gouvernement a ordonné la suspension des bombardements aériens des campements rebelles, sans toutefois suspendre ses actions au sol.

Mercredi, le ministre de la Défense, Luis Carlos Villegas, a ainsi annoncé que quatre combattants des FARC avaient été tués dans le sud-ouest de la Colombie.

«Lors d'une opération conjointe des forces militaires visant le site appelé El Peaje (département de Caqueta), quatre guérilleros des FARC ont été tués et deux ont été capturés», a-t-il déclaré.

Une guérillera de 27 ans, Beatriz Anturia, connue sous le nom de Mona Argenis, «responsable des extorsions et du trafic de drogue du Front 14 des FARC», a été tuée lors de cette opération, menée par la force d'action conjointe Omega de l'armée.

Trois autres guérilleros ont été abattus et des armes, du matériel et des «documents de grande valeur pour les renseignements militaires» ont été saisis, a ajouté le ministre, précisant qu'une guérillera a en outre été blessée.

Corps de soldats minés

La proposition du président Santos envers les FARC intervient après son annonce d'un renforcement des opérations contre l'Armée de libération nationale (ELN), autre guérilla d'extrême gauche, qui a revendiqué une attaque meurtrière cette semaine.

L'attaque, dans laquelle 12 membres des forces de l'ordre ont été tués selon le gouvernement, 18 selon l'ELN, a eu lieu lundi dans un hameau indigène de la commune de Güican (département de Boyaca), à environ 400 km au nord-est de Bogota.

Qualifiant les faits de «crimes de guerre», M. Villegas a précisé mercredi que les soldats avaient été achevés d'«un coup de grâce dans la tête» et que «chaque corps était cerné de mines antipersonnel, afin que ceux qui allaient assurer la tâche humanitaire de les récupérer périssent aussi».

Le gouvernement et l'ELN - seconde guérilla de Colombie avec quelque 2500 combattants et issue en 1965 également d'une révolte paysanne - ont entamé en janvier 2014 des «dialogues préparatoires» à des pourparlers de paix, sans résultat concret à ce jour.

L'ELN s'est toutefois déclarée mardi soir prête à signer «un cessez-le-feu bilatéral» avec le gouvernement afin de générer «un climat favorable» à des négociations.

Le ministre de la Défense a par ailleurs insisté pour que l'ELN libère «au plus vite» deux soldats qu'elle a séquestrés lors de cette attaque contre une commission électorale et des forces de l'ordre qui veillaient sur des bulletins de vote des élections locales de dimanche.

«Si l'ELN pense qu'avec de tels actes, elle va (...) se renforcer dans la perspective d'une éventuelle négociation, elle se trompe complètement. C'est exactement le contraire. J'ai ordonné au ministre de la Défense (...) d'intensifier ses actions militaires contre cette organisation», avait souligné M. Santos lundi soir.

Depuis plus d'un demi-siècle, le complexe conflit colombien a impliqué insurrections paysannes, guérillas d'extrême gauche, paramilitaires d'extrême droite, forces armées et narcotrafiquants, faisant au moins 220 000 morts, six millions de déplacés et des dizaines de milliers de disparus.