Le pape François est allé lundi à la rencontre des Cubains de l'est du pays, où il a exalté les «efforts» et les «sacrifices» de l'Église dans une société cubaine en pleine transition.

Le souverain pontife est arrivé dans l'après-midi sous la pluie à Santiago de Cuba, grand port de l'extrême-est, surnommé dans l'épopée révolutionnaire cubaine la «cité héroïque», car Fidel Castro y avait annoncé le 1er janvier 1959 le succès de sa Révolution.

Salué par des milliers de personnes venues acclamer son cortège, le souverain pontife a participé à une rencontre dans la soirée avec les évêques et s'est recueilli au sanctuaire de la Vierge de la Charité del Cobre, sainte patronne du pays très vénérée au-delà des milieux catholiques.

«Mère de la réconciliation, réunit tes enfants dispersés de par le monde», a-t-il prié, dans une allusion aux familles cubaines séparées de part et d'autre du Détroit de Floride.

Dans la matinée, lors d'une messe en plein air à Holguin, ville située 150 km plus au nord, le pape argentin avait dit savoir «au prix de quels efforts et au prix de quels sacrifices l'Église à Cuba travaille pour porter à tous, jusqu'aux endroits les plus reculés, la parole et la présence du Christ».

Devant plusieurs dizaines de milliers de personnes, François avait tenu à mentionner en particulier les «maisons de mission», qui, «face au manque de lieux de culte et de prêtres, permettent à de nombreuses personnes d'avoir un espace de prière, de catéchèse et de vie de communauté» catholique.

A Cuba, où le nombre des catholiques est évalué à 10% des 11 millions d'habitants, l'Église joue un rôle non négligeable avec ses structures sociales, éducatives, médicales, qui souvent pallient les manques des services publics du régime communiste.

Après plusieurs décennies d'hostilité du régime de Fidel Castro et d'athéisme officiel jusqu'en 1992, l'Église catholique et l'État cubain ont opéré au fil des années un lent rapprochement jusqu'à devenir aujourd'hui des interlocuteurs privilégiés.

Dans l'assistance figurait notamment le président Raul Castro, qui s'est engagé à assister à tous les offices célébrés par le pape.

La province d'Holguin est aussi la première région où avait débarqué Christophe Colomb en 1492.

Et c'est dans sa baie que serait apparue, en 1612, l'«image flottante» en bois de la Vierge de la Charité del Cobre (du Cuivre, ndlr), transférée plus tard à Santiago, la deuxième ville du pays.

Dernière messe mardi matin 

Avant de décoller vers Santiago dans l'après-midi, François s'est recueilli au sommet de la «Colline de la Croix» (photo).

De ce point élevé, le pape a béni la quatrième ville cubaine, où aucun pape ne s'était jamais rendu avant de prendre la direction de l'aéroport.

Au cours d'une journée marathon dimanche, François avait multiplié à La Havane les rencontres avec les fidèles, les religieux, les jeunes, le président Raul Castro... et son frère aîné Fidel.

Depuis son arrivée à Cuba, le chef de l'Église catholique s'est bien gardé de froisser les autorités locales, sa visite demeurant axée sur le dialogue avec pour toile de fond le dégel entre La Havane et Washington. La présence de Raul Castro aux messes illustre cette tonalité de concorde.

Certains milieux de l'opposition déplorent que François, comme Benoît XVI, n'ait pas rencontré une délégation de dissidents. Jean Paul II était déjà venu sur l'île en 1998.

Comme lors de la visite de Benoît XVI en 2012, lorsque qu'un homme avait été interpellé en pleine messe à Santiago, plusieurs individus ont été interceptés avant la messe de la place de la Révolution dimanche alors qu'ils tentaient de s'approcher du pape en scandant «Liberté !».

Et plusieurs dissidents ont affirmé avoir été empêchés d'assister à la messe de La Havane sans que le Saint Siège ne s'en émeuve.

François quittera mardi Santiago après une dernière messe, à destination des États-Unis.

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