Le président péruvien Ollanta Humala a nommé jeudi Pedro Cateriano, ministre de la Défense, comme nouveau chef de gouvernement pour remplacer Ana Jara renversée lundi par une motion de censure après une affaire d'espionnage de parlementaires, hommes politiques et journalistes par les services de renseignement.

M. Cateriano, 57 ans, a prêté serment lors d'une brève cérémonie télévisée au palais présidentiel.

Plusieurs ministres gardent leurs portefeuilles au sein du nouveau cabinet, dont le ministre de l'Économie et le ministre de l'Intérieur.

Les changements les plus notables concernent le ministre des Affaires étrangères, Gonzalo Gutiérrez remplacé par Ana María Sánchez, qui venait d'être nommé ambassadeur en France.

Le nouveau ministre de la Défense en remplacement de M. Cateriano est son vice-ministre Jakke Valakivi Álvarez.

Le nouveau premier ministre est un proche du prix Nobel de littérature Mario Vargas Llosa, et fut député entre 1990 et 1992 du Mouvement Libertad fondé par l'écrivain lors de sa candidature malheureuse à la présidence du Pérou en 1990.

À moins d'un an d'élections générales, il s'agit du septième Premier ministre du président Humala, un ancien militaire nationaliste de centre-gauche, au pouvoir depuis 2011.

Pedro Cateriano, ministre de la Défense depuis 2012, est avocat de formation.

Il est l'un des plus virulents critiques au sein du gouvernement des deux formations d'opposition, celle du leader de centre-gauche et ancien président Alan García et le parti Fuerza Popular dirigée par Keiko Fujimori, la fille de l'ex-homme fort du Pérou Alberto Fujimori.

Le choix de M. Cateriano devra être confirmé par le Congrès alors que le président Humala ne dispose pas de la majorité.

En cas d'échec, le président pourrait alors dissoudre le Parlement et convoquer des élections législatives.

Lundi soir, le Congrès, pour la première fois depuis 1963, avait voté la censure contre la Première ministre Ana Jara par 72 voix pour, 42 contre et deux abstentions.

Cette motion de censure avait été proposée par l'opposition, motivée par l'intervention considérée peu convaincante d'Ana Jara au Congrès après les révélations dans la presse sur l'espionnage de congressistes, personnalités politiques (membres du parti au pouvoir et opposants), journalistes, hommes d'affaires et citoyens ordinaires par les services de la Direction nationale du renseignement (Dini).

Le scandale baptisé «Dinileaks» avait pris de l'ampleur avec la publication par l'hebdomadaire Correo Semanal d'une liste de noms de personnes faisant l'objet de surveillance.

En février dernier, Humala avait déjà procédé à un remaniement ministériel, remplaçant notamment le ministre de l'Intérieur, le polémique général à la retraite Daniel Urresti nommée en juin dernier, et qui fait l'objet de poursuites pénales pour son implication présumée dans le meurtre d'un journaliste en 1991.

À 12 mois de la prochaine élection présidentielle, la cote de popularité du président péruvien est tombée à 25% d'opinions favorables.