La Conférence épiscopale du Venezuela a accusé mercredi le parti au pouvoir et le président socialiste Nicolas Maduro de vouloir imposer «un gouvernement totalitaire» dans le pays, secoué depuis deux mois par des manifestations anti-gouvernementales qui ont fait 39 morts.

L'origine de ces protestations provient «de la prétention du parti officiel et des autorités de la République d'instaurer le dénommé «plan pour la patrie» (initié par l'ancien président décédé Hugo Chavez), derrière lequel se cache la mise en place d'un gouvernement totalitaire», a déclaré lors d'une conférence de presse Mgr Diego Padron, président de la Conférence épiscopale.

Mgr Padron a déploré la polarisation politique croissante au Venezuela entre partisans et opposants au modèle «chaviste», hérité de M. Chavez et porté aujourd'hui par son dauphin Nicolas Maduro, élu de justesse en avril 2013.

Ce qui se passe dans le pays «est très grave, tant par sa magnitude (...) que par sa durée, sa violence et les conséquences néfastes pour notre présent et notre avenir», a-t-il ajouté.

Depuis le 4 février, le pouvoir est contesté par des étudiants, soutenus par l'opposition, qui critiquent l'insécurité croissante, l'inflation parmi les plus élevées du globe (57% par an), les pénuries alimentaires et la brutalité de la répression des manifestations dans ce riche pays pétrolier.

L'ecclésiastique a critiqué «la criminalisation de la contestation citoyenne» et les violations des droits de l'homme, alors que trois opposants - un dirigeant politique et deux maires - sont emprisonnés, accusés d'incitation à la violence.

«Nous dénonçons la répression abusive et démesurée contre (les manifestants), les tortures dont beaucoup de détenus ont été victimes et la persécution judiciaire des maires et députés opposés au pouvoir (...) Le gouvernement se trompe en voulant résoudre la crise par la force, la répression n'est pas le (bon) chemin», a-t-il martelé.

Officiellement, 150 personnes environ sont toujours détenues à l'issue de ces deux mois de manifestations et plus de 80 enquêtes ont été ouvertes pour des abus de la part de la police.

Le responsable religieux s'est dit favorable à une médiation du Vatican pour favoriser un éventuel «dialogue sincère» entre pouvoir et opposition, comme l'a évoqué ces jours le président Maduro.