Le parlement vénézuélien a approuvé jeudi l'octroi de pouvoirs spéciaux au président Nicolas Maduro lui permettant de gouverner par décret pendant un an afin de mener la «guerre économique» déclenchée selon lui par «la bourgeoisie et l'impérialisme».

L'Assemblée nationale (parlement unicaméral) a adopté le texte en première lecture avec le minimum des voix requises (99 voix sur 165, majorité des 3/5e) au terme d'un débat houleux entre députés du parti socialiste au pouvoir et l'opposition. La même assemblée doit adopter définitivement le texte en seconde lecture le mardi 19 novembre.

«Vous pouvez faire appel auprès de qui vous voulez. Allez devant les Nations unies. Ici, le peuple, la patrie et (Hugo) Chavez ont voté», s'est exclamé après le scrutin le président de l'Assemblée Diosdado Cabello, un des hommes forts de l'exécutif.

Cette loi «vise à distraire des problèmes des Vénézuéliens» et veut créer l'illusion «d'une sortie rapide d'une crise qui est beaucoup plus profonde que ce qui peut être résolu avec des pouvoirs spéciaux», a notamment protesté le député de l'opposition Stalin Gonzalez.

Mardi, les députés avaient voté la destitution pour corruption de Maria Mercedes Aranguren, une députée dissidente du pouvoir qui se refusait à voter ces pouvoirs spéciaux, privant ainsi la majorité d'une indispensable 99e voix.

Sa destitution, qui a déclenché l'ire de l'opposition, a rendu possible son remplacement par son suppléant Carlos Flores, toujours membre du parti au pouvoir et favorable à cette disposition.

Le président vénézuélien avait présenté le mois dernier au Parlement cette demande de pouvoirs accrus afin de lutter contre la corruption et une supposée «guerre économique» menée selon lui par l'opposition et ses soutiens «impérialistes» basés à l'étranger.

Ce nouveau développement survient moins d'un mois avant les élections locales du 8 décembre, premier test électoral pour le président Maduro, élu de justesse le 14 avril après le décès en mars de l'ex-président Hugo Chavez (1999-2013), terrassé par un cancer.

Depuis sa prise de fonctions, le Venezuela subit une aggravation de la crise économique qu'il traversait déjà et qui se traduit par une inflation de plus de 54% ainsi qu'une pénurie de devises et de produits alimentaires ou de consommation courante.

Se proclamant «Président justicier», M. Maduro a notamment imposé ce week-end des rabais de 50 ou 60% dans les magasins d'électroménager, provoquant une ruée sur ces produits, dégénérant ici ou là en saccages isolés.

Les pouvoirs spéciaux permettant de gouverner par décret sans passer par l'Assemblée ont été demandés par tous les présidents du Venezuela depuis les années 1970. Hugo Chavez y a eu recours en 2000, 2001, 2008 et 2010, ce qui lui a permis de faire approuver plus de 200 textes.