Environ 40 mannequins brésiliens noirs, pour la plupart des femmes, ont manifesté mercredi à Rio de Janeiro, la poitrine dénudée, pour protester contre la trop faible présence, selon eux, de modèles de couleur sur les podiums des défilés de mode.

«Qu'est-ce qui t'impressionne, ton racisme ou moi?», avait inscrit sur sa poitrine dénudée l'une des participantes à la manifestation, qui coïncidait avec l'ouverture de la Semaine de la Mode au Brésil.

La manifestation coïncidait également avec la signature d'un compromis avec l'entreprise organisatrice de la Fashion Week garantissant la présence d'au moins 10% de mannequins noirs lors des défilés, selon le site G1 de Globo.

«Cet accord est le couronnement d'une démarche commune susceptible de créer un espace qui n'existe pas encore à Rio», s'est félicité Moises Alcunaa, porte-parole de l'organisation Educafro.

Le Brésil, peuplé de plus de 200 millions d'habitants, est, avec 50% de ses ressortissants, le deuxième pays à la plus forte population noire du monde après le Nigéria, où elle continue néanmoins à être défavorisée par rapport aux Blancs.

«Si nous achetons des vêtements, pourquoi ne pouvons-nous pas défiler», s'est demandée de son côté un mannequin de 15 ans participant à la manifestation. «Est-ce que seules les Blanches peuvent vendre et nous autres simplement acheter», a-t-elle lancé.

«Prétendre présenter la mode brésilienne sans les vrais Brésiliens, revient à présenter une mode brésilienne avec des mannequins blancs», a déclaré à l'AFP José Flores, 25 ans, qui a abandonné la profession et qui travaille désormais dans la publicité.

Après treize années de débat, la présidente brésilienne Dilma Rousseff a promulgué en août 2012 une loi qui a fait polémique et qui réserve la moitié des places dans les universités aux étudiants des écoles publiques et accorde la priorité aux noirs, métis et indiens.

En juin 2009, la Semaine de la Mode de Sao Paulo a introduit pour la première fois un quota d'au moins 10% de mannequins d'origine noire ou indigène.