L'autoroute reliant Acapulco à Mexico a été partiellement rouverte à la circulation vendredi, ce qui va permettre à des milliers de touristes bloqués depuis une semaine par les intempéries de quitter la station balnéaire du sud du Mexique.

«La circulation reprend sur l'autoroute Acapulco-Mexico», a indiqué le ministère des Transports sur son compte Twitter peu avant 12h00 locales.

Aux sorties d'Acapulco, d'où l'on ne pouvait s'échapper depuis dimanche que par la voie aérienne, seuls les autocars et les voitures particulières sont pour l'instant autorisés. Le ministère a précisé que les camions de transport de marchandises ne pourraient circuler qu'à partir de vendredi soir.

Le directeur du ministère, Federico Dominguez, a indiqué à l'AFP dans la matinée qu'une centaine d'autocars remplis de touristes étaient prêts à partir en direction de la capitale. On estime à environ 25 000 les touristes encore pris au piège à Acapulco, l'une des zones les plus touchées par le cyclone Manuel. Environ 15 000 d'entre eux ont pu être évacués par avion ces derniers jours.

Jeudi, environ 5000 touristes en colère avaient bloqué pendant une demi-heure une importante avenue d'Acapulco pour réclamer l'accélération des évacuations.

Aux portes d'un bus, Alejandro Tubias, habitant de Mexico, ne cachait pas son soulagement. «Nous sommes plus que contents. On est pressé parce que ma femme est malade et que nous n'avons pas d'argent pour payer l'hôtel».

«Nous allons bien grâce à Dieu (...) nous n'en voyons pas la fin avec huit bouches à nourrir», confiait à bord de sa voiture Imelda Cuellar, prête à participer à cet exode avec sept membres de sa famille.

Les tempêtes, qui ont frappé le Mexique simultanément sur ses côtes du Pacifique et de l'Atlantique, ont déjà causé la mort d'une centaine de personnes, fait plus de 200 000 sinistrés et 50 000 déplacés, tandis qu'on est sans nouvelle depuis jeudi soir d'un hélicoptère de la police fédérale opérant dans les zones montagneuses du Sud.

L'événement le plus tragique de la catastrophe climatique qui touche le Mexique depuis près d'une semaine a été un glissement de terrain meurtrier survenu lundi dans le village montagneux de La Pintada, dans l'État de Guerrero (sud) où l'on compte officiellement 68 disparus.

Recherches à coups de pioche et de pelles

Vendredi matin plus de 200 militaires et des dizaines d'agents de la protection civile ont repris les recherches de corps sous la montagne de boue qui a enseveli une grande partie des habitations du village, ainsi que l'église et l'école.

Mais les secouristes arrivés jeudi ne sont munis que de pioches et de pelles. Ils ont indiqué à l'AFP qu'ils attendaient des machines qui ne peuvent pour l'instant être acheminées au village en raison de l'état des routes, impraticables dans cette zone où il faut actuellement sept heures pour accéder à pied à La Pintada.

Les militaires indiquent n'avoir trouvé pour l'instant que deux corps, toutefois le maire d'Atoyac de Alvarez, municipalité dont fait partie La Pintada, avait fait état mardi de 15 morts. Des habitants du village ont dit à l'AFP que le lendemain du drame ils avaient retiré les corps de quatre personnes : une femme, son frère cadet, sa fille de trois ans et une jeune fille de quinze ans.

«Je vois beaucoup de morts, c'est tout. Beaucoup de membres de ma famille sont morts, ils sont sous la boue et on ne peut rien faire, rien», expliquait à l'AFP Diego Zeron, un agriculteur.

Le ministère de la Défense a confirmé par ailleurs à l'AFP que l'armée était à la recherche d'un hélicoptère de la police fédérale dont on est sans nouvelles depuis jeudi soir.

«Nous sommes vraiment préoccupés (...) on s'est rendu sur la dernière position connue, mais n'avons pas trouvé l'appareil», a annoncé vendredi soir le ministre de l'Intérieur Osorio Chong à Radio Formula.

A New-York, les Nations unies ont annoncé dans un communiqué qu'elles se tenaient prêtes à faciliter «les initiatives visant à répondre aux besoins humanitaires et à mobiliser toute aide internationale».

L'ouragan tropical Manuel, qui avait atteint jeudi la côte nord-ouest du Mexique, avant de se transformer en tempête s'est presque dissipé vendredi, se soldant toutefois par un lourd bilan: trois morts, 1600 personnes évacuées et environ 100 000 sinistrés, en particulier dans l'État de Sinaloa. Le phénomène subsiste actuellement dans l'État voisin du Chihuahua, sous forme de vents soutenus avec des rafales de 65km/h.

Selon le gouverneur du Sinaloa, Mario Lopez, les nouveaux dégâts occasionnés par Manuel se chiffrent à 39 millions de dollars.

De l'autre côté, dans le Golfe du Mexique, où persiste une zone de basse pression, les probabilités d'un nouveau cyclone ont faibli passant de 70 à 30%.