Pas question de «retour en arrière» pour la Néerlandaise Tanja Nijmeijer qui s'affirme «épanouie» par les 10 ans qu'elle a passés au sein de la guérilla colombienne des FARC, alors qu'ont débuté à La Havane des négociations de paix entre la rébellion et le gouvernement colombien.

«Je ne peux pas revenir en arrière, et je ne veux pas retourner en arrière. Je me sens pleinement épanouie comme guérillera des FARC», affirme à l'AFP la philologue de 34 ans lors d'un entretien sur la place de la Révolution de La Havane, devant le portrait d'Ernesto Che Guevara, «que nous adorons tous, nous membres des FARC».

Et si elle n'avait pas rejoint la guérilla marxiste? «Je ne sais pas ce que je serais devenue. Peut-être je serais mariée, j'aurais trois enfants, un mari, peut-être je serais divorcée, mais tout cela ne m'aurait pas comblée comme je le suis d'être une guérillera des FARC».

Unique membre européenne des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), Tanja Nijmeijer, alias Alexandra dans la guérilla, a les yeux qui brillent lorsqu'elle évoque son intégration dans les FARC, la plus ancienne des guérillas d'Amérique latine, créée à la suite d'une révolte paysanne en 1964.

«J'appartiens aux FARC parce que c'est la forme de lutte qu'a choisie le peuple colombien, parce qu'il n'a pas d'autre option que de lutter avec les armes», affirme la frêle jeune femme qui a rejoint la guérilla en 2002, après plusieurs séjours d'études en Colombie.

Son adaptation à la vie de la guérilla a été «très difficile», se rappelle-t-elle en soulignant qu'elle se sent aujourd'hui «épanouie» et «très heureuse» d'appartenir à cette «avant-garde de la combativité».

«Cela fait 10 ans que je suis mariée avec l'armée du peuple, et cela me va très bien», lance-t-elle dans un radieux sourire.

«N'importe quel peuple au monde doit choisir sa propre forme de lutte et je veux féliciter tous les jeunes du monde qui luttent en ce moment, les "indignés", les ouvriers de Grèce, tous les mouvements sociaux dans le monde, parce que ces luttes sont très importantes à notre époque», affirme-t-elle.

Désignée par la guérilla comme une de ses 10 délégués aux discussions, et traquée par la presse internationale, Tanja Nijmeijer s'efforce d'échapper aux journalistes.

«Pour moi, c'est un honneur d'être ici, un honneur de pouvoir apporter ma contribution au processus de paix pour la Colombie. Et à Cuba, je me sens bien, j'ai visité plusieurs endroits, ici les gens vivent bien, Cuba est jolie», explique-t-elle.

Quant aux négociations, elle assure que les FARC savent «lutter avec ou sans fusil». «Nous sommes à La Havane pour lutter sans fusil. Nous voulons lutter pour un processus de paix. Nous voulons que le peuple colombien puisse vivre en paix», affirme-t-elle.

Les négociations, ouvertes lundi à Cuba pour plusieurs mois, constituent la quatrième tentative de négociations de paix lancée depuis les années 1980, la dernière ayant échoué en 2002.