Le gouvernement colombien et les rebelles des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ont officiellement entamé les pourparlers visant à mettre fin à presqu'un demi-siècle de conflit jeudi, en Norvège.

Pendant sept heures de discussions, tenues dans un lieu secret à l'extérieur d'Oslo, les négociateurs se sont concentrés notamment sur des considérations logistiques et ont déterminé que la prochaine étape des négociations devrait commencer le 15 novembre à La Havane, la capitale de Cuba.

Dans une conférence de presse donnée à un hôtel situé à l'extérieur de la capitale norvégienne, les deux parties ont annoncé que leur priorité serait le développement des zones rurales de la Colombie. Des diplomates norvégiens et cubains assistent aux pourparlers en tant que médiateurs. Ils seront rejoints par des responsables vénézuéliens et chiliens lors du second tour de négociations. Leur rôle exact n'a pas encore été précisé.

Assis à une longue table autour de laquelle figuraient les principaux représentants de chaque camp, l'ancien vice-président colombien Humberto de la Calle, qui supervise les discussions, a révélé que Bogota et les FARC voulaient s'engager sur la voie du changement social. Il a reconnu l'existence de «différences sociales injustes» en Colombie, ainsi que du profond fossé qui sépare les riches et les pauvres.

Le chef rebelle Ivan Marquez, qui participe aux négociations, a profité de la conférence de presse pour lire un communiqué long et détaillé après avoir déclaré que les FARC étaient arrivées en Norvège «avec une branche d'olivier». Il a par ailleurs critiqué le «terrorisme d'État» qui cherche à s'emparer des terres et les «vampires internationaux» de l'industrie pétrolière qui exploitent les travailleurs colombiens.

L'accès plus juste à la terre est au coeur du conflit opposant le gouvernement colombien et les FARC. Les pourparlers doivent d'ailleurs essentiellement porter sur la réforme agraire du pays et l'octroi de droits politiques complets aux rebelles, dont la majorité sont des paysans, une fois qu'une entente aura été signée et que les guérilleros auront déposé les armes.

Largement financées par le trafic de la cocaïne, les FARC, qui comptent actuellement quelque 9000 combattants, ont subi au cours des dernières années d'importants revers militaires, dont la perte en novembre 2011 de leur numéro un, Alfonso Cano. Le mouvement menait ses activités dans plus de la moitié des 1102 communes colombiennes dans les années 1990 alors que, aujourd'hui, il n'est opérationnel que dans 70 communes, selon le ministère colombien de la Défense.