Un projet de loi déposé par des parlementaires proches du pouvoir prévoyant d'avancer le droit de vote à 16 ans faisait polémique jeudi en Argentine, l'opposition y voyant une opération visant à assurer une deuxième réélection de la présidente Cristina Kirchner.

«Les enquêtes montrent qu'entre 40 et 50 % des jeunes de cette tranche d'âge là (16-18 ans) veulent participer aux élections», a déclaré à la radio La Red le sénateur et ancien chef du gouvernement de Mme Kirchner Anibal Fernandez.

«On est aujourd'hui beaucoup plus mûr à 16 ans qu'il y a 70 ou 80 ans», a-t-il plaidé, alors que l'adoption de son projet aurait pour conséquence l'ajout de 1,4 million de nouveaux électeurs aux 25,2 millions déjà officiellement répertoriés aujourd'hui.

D'autres parlementaires proches du pouvoir voudraient également autoriser le vote des étrangers résidant dans le pays depuis au moins deux ans, soit 500 000 électeurs de plus.

Dans les rangs de l'opposition, cette opération est vue comme une démarche destinée à augmenter le nombre d'élus du pouvoir aux prochaines législatives de 2013, facilitant ainsi une réforme de la constitution afin de permettre une nouvelle réélection de Mme Kirchner, aujourd'hui impossible.

«Il y a une spéculation politique, cela ne fait aucun doute», a commenté le député de l'opposition Gustavo Ferrari. «Il y a un âge auquel on est mûr pour prendre des décisions importantes et il a été fixé à 18 ans», a souligné pour sa part Patricia Bullrich, également député de l'opposition.

«Cristina (Kirchner) a obtenu davantage de votes chez les plus jeunes» en octobre dernier, lorsqu'elle a été réélue pour quatre ans avec 54,11% des voix, a expliqué Roberto Bacman, du Centre de l'Opinion Publique (CEOP).

Le projet de loi de M. Fernandez fait notamment valoir que des pays comme le Brésil autorisent déjà le vote dès 16 ans.