Après un mois de captivité, le journaliste français Roméo Langlois, libéré mercredi par la guérilla des FARC dans le sud de la Colombie, a estimé probable un retour en France dès jeudi pour y retrouver sa famille.

Remis par la rébellion marxiste dans le village de San Isidro, dans le département du Caqueta où il a été capturé le 28 avril lors d'un reportage avec l'armée, le correspondant la chaîne France 24 est reparti à bord d'une caravane du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), venue le rechercher.

Interrogé en chemin sur la date de ses retrouvailles à Paris avec ses parents, M. Langlois a répondu: «Il semble que ce soit demain» (jeudi).

«Je vais voir si je peux négocier un jour de plus, mais je crois que cela va être difficile», a ajouté le journaliste, en route vers la localité de Florencia, capitale du Caqueta, d'où il doit être transféré vers Bogota dans la soirée voire la nuit de mercredi.

Le journaliste français, en poste en Colombie depuis une dizaine d'années, a été capturé le 28 avril lors de l'attaque d'une brigade de l'armée qu'il accompagnait pour filmer une opération anti-drogue, embuscade durant laquelle quatre militaires ont été tués.

«J'ai toujours fait profil bas ici pour pouvoir travailler, bouger partout, mais maintenant je me suis cramé», a-t-il également confié, assurant que cette expérience n'avait pas «changé sa perception du conflit colombien».

M. Langlois a enfin «reproché» aux FARC de s'être livré à un «jeu politique» avant «toute considération humanitaire» et d'avoir «organisé un show», en le maintenant en captivité.

Fondée en 1964, la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) compte encore 9200 combattants, repliés dans des régions de montagnes et de forêts. Elle s'était engagée en février à renoncer à la pratique des enlèvements contre rançon.

Un peu plus tôt dans la journée de mercredi, un groupe de rebelles avaient conduit en voiture M. Langlois à San Isidro, un petit village de 300 habitants, où le journaliste avait été accueilli chaleureusement par la population.

«A part le fait d'avoir été détenu durant un mois, tout le reste s'est bien passé. Je ne peux pas me plaindre», a déclaré M. Langlois, affirmant avoir été «toujours été traité comme un invité». Blessé au bras par un tir lors de sa capture, il a assuré être en bonne santé.

«Je reste avec la conviction qu'il faut continuer à suivre ce conflit», a aussi souligné le journaliste, initialement qualifié de «prisonnier de guerre» par ses geôliers.

Une qualification pour laquelle un guérillero a publiquement présenté ses excuses au cours d'une longue cérémonie sur une estrade montée dans l'école du village.

«J'accepte les excuses, mais je ne partage pas la décision de m'avoir retenu trente-trois jours», a rétorqué le journaliste, avant de repartir avec la mission humanitaire du CICR.

La délégation comprenait en outre un émissaire du ministère français des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Chauvin, et l'ex-sénatrice colombienne Piedad Cordoba, médiatrice auprès des FARC.

Aussitôt la nouvelle connue, le président français François Hollande a exprimé sa «très grande joie» après «cet heureux dénouement».

A Paris, les parents du journaliste se sont également déclarés «très heureux». «On y croit maintenant qu'on le voit», a expliqué son père.

Le président de l'Audiovisuel extérieur de la France (AEF), Alain de Pouzilhac, patron de la chaîne France 24, qui avait fait le déplacement à Florencia, s'est dit «formidablement heureux». Selon lui, M. Langlois pourrait, si sa santé le lui permet, regagner Paris dès «vendredi après-midi».