Après une semaine d'angoisse et de laborieuses opérations de secours ponctuées d'éboulements, les neuf mineurs pris au piège dans une mine artisanale de cuivre au sud du Pérou sont sortis à pied du tunnel mercredi, un à un et indemnes.

Les neuf hommes ont quitté la mine vers 7 h locales (8h, heure de Montréal), portant des lunettes noires pour protéger leurs yeux de la lumière et enroulés dans des couvertures.

Un des mineurs portait un masque à oxygène et marchait avec difficulté, soutenu par deux secouristes. Les rescapés ont été rapidement évacués en ambulance vers l'hôpital d'Ica.

«Ce moment, c'est comme naître à nouveau» a déclaré Edwin Bellido, un des mineurs rescapés, retrouvant ses deux fillettes et son épouse en larmes.

«Nous avons vécu des moments critiques, a-t-il raconté, «nous avons dû dormir par terre», «manger dans nos casques les aliments liquides qui arrivaient par le tuyau métallique».

Mais il assure que ses compagnons et lui ont gardé le moral: «nous faisions des blagues, de la gymnastique».

Les mineurs ont été accueillis à leur sortie à l'air libre par leurs familles et le président péruvien Ollanta Humala qui avait passé la nuit sur le site et s'était entretenu avec les neuf hommes la veille par le biais d'un tube de métal qui a été leur seul contact extérieur pendant près d'une semaine.

«Mission accomplie», a déclaré le président Humala, alors que les secouristes agitaient un drapeau péruvien, ajoutant que «le meilleur traitement médical pour ces compatriotes est de retrouver leurs familles».

La ministre de la Femme et des Populations vulnérables Ana Jara a assuré pour sa part que leur sauvetage «est un miracle de Dieu». «J'ai pleuré, a-t-elle avoué, car je craignais une issue fatale».

Les mineurs, âgés de 22 à 59 ans, étaient emprisonnés sous terre depuis jeudi dans la mine artisanale de cuivre Cabeza de Negro, sur une montagne au paysage lunaire de la région d'Ica, à 325 km au sud de Lima.

Le président Humala a exhorté les mineurs illégaux à «retrouver le droit chemin et régulariser» leurs activités, alors que l'activité minière illégale est florissante et risquée au Pérou, un des premiers producteurs mondiaux d'argent, de cuivre et d'or.

Un des mineurs rescapés, Jesus Jatilca a néanmoins assuré qu'il «continuerait son activité de mineur parce qu'il n'y a pas de travail», mais il a reconnu que «la mine a été un enfer, une expérience terrible». «Nous avons pensé ne pas en sortir» a-t-il dit à la presse.

La Défense civile de la région d'Ica, où travaillent plus de 30 000 mineurs illégaux, a appelé pour sa part à sévir durement contre les mines artisanales plus ou moins légales, exploitées hors des normes de sécurité et présentant des risques accrus d'accidents.

Pompiers, policiers et mineurs ont été sur le pied de guerre jour et nuit pour les opérations de secours visant notamment à renforcer les structures à l'intérieur de la galerie d'accès aux sinistrés et à éviter les éboulements à répétition qui ont ralenti la progression des sauveteurs.

Ces dernières heures, l'angoisse et l'inquiétude grandissaient cependant, certains mineurs commençant à souffrir de troubles de santé et de diarrhée.

Même si l'échelle n'est pas comparable, la situation des neuf mineurs d'Ica a évoqué le calvaire des 33 mineurs du Chili voisin, secourus en octobre 2010 après 69 jours à plus de 600 mètres sous terre, un record absolu qui avait capté l'attention du monde entier.

L'un d'entre eux, Mario Sepulveda, avait dès le premier jour demandé de prier pour les neuf mineurs péruviens, leur conseillant solidarité et respect mutuel.

«Je demande aux gens de prier pour eux, je prie, j'ai été très triste quand j'ai entendu la nouvelle. J'encourage la solidarité et le respect pour s'en sortir et aussi à leurs familles pour qu'elles les soutiennent», a déclaré Mario Sepulveda à l'AFP.