Benoît XVI rencontre mercredi les Cubains sur la place de la Révolution de La Havane, pour une grande messe où les opposants espèrent des mots plus précis sur les changements à Cuba, quatorze ans après la venue de Jean Paul II qui avait montré la voie de l'ouverture.

Des centaines de milliers de fidèles, mais aussi des athées communistes et des adeptes de la santeria, rite afro-cubain mêlant spiritualisme africain et catholicisme, sont attendus pour prier, écouter ou simplement voir le pape de 84 ans, qui achève un périple de six jours au Mexique et à Cuba, son premier en Amérique hispanophone.

En 1998, sur cette même place en présence du «Lider Maximo» Fidel Castro, Jean-Paul II avait célébré une messe historique. Le pape polonais avait demandé que «le monde s'ouvre à Cuba et Cuba au monde».

Elle peut accueillir jusqu'à un million de personnes. A cinq heures du matin, une procession organisée par l'Eglise catholique cubaine devait partir de la cathédrale pour rejoindre la place, à quelque 5 km de là.

Benoît XVI a rencontré mardi pendant 40 minutes Raul Castro, quelques heures après qu'un haut responsable a affirmé qu'il n'y aurait «pas de réforme politique» à Cuba, au lendemain d'un appel du pape aux Cubains à «construire une société ouverte et rénovée».

Peu de choses ont filtré sur cet entretien, sinon que le pape a demandé à Raul Castro plus d'espace pour l'Eglise, afin qu'elle puisse contribuer au bien être moral et social de tous. Il a aussi suggéré que le Vendredi Saint, jour de la Cruxifixion du Christ, devienne férié.

Jean-Paul II avait déjà obtenu de Fidel Castro que la fête de Noël soit déclarée fériée.

Au même moment, le cardinal secrétaire d'État (numéro deux) du Saint-Siège, Tarcisio Bertone, accompagné du «ministre des Affaires étrangères», Mgr Dominique Mamberti, rencontrait le vice-président cubain, José Ramon Machado Ventura.

«Les nombreux messages de caractère humanitaire reçus par le Vatican et concernant des personnes en difficulté» ont figuré parmi les thèmes abordés lors cette courte rencontre de travail, a reconnu le Vatican.

Le matin même, le pape avait prié devant la Vierge de la Charité du Cuivre, patronne du pays, à Santiago de Cuba, pour «les Cubains privés de liberté.

Le thème des prisonniers politiques est très sensible. Le Vatican n'a prévu aucun entretien avec leurs familles, au grand dam des milieux d'opposants.

Ceux-ci espèrent encore que le pape s'exprimera de manière plus nette en leur faveur lors de la messes solennelle de mercredi.

Benoît XVI, d'une manière très différente de Jean-Paul II, a évoqué beaucoup des souffrances et aspirations des Cubains, mais toujours en termes généraux, se gardant d'intervenir comme aurait pu le faire son prédécesseur.

«Le pape n'est pas le patron des lois et des solutions dans un pays, il ne peut intervenir de manière directe. L'Eglise à Cuba affronte la situation avec beaucoup de réalisme et d'humilité, elle est pauvre, n'est pas une puissance et ne vient pas donner de leçons sur ce qu'il convient de faire», a expliqué le père Fédérico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège.

Le Vatican souligne que la venue du pape a un sens religieux.

Mais elle suscite cependant de nombreuses réactions dans le régime et chez les organisations d'opposants qui dénoncent de dizaines d'arrestations.

Un vice-président cubain, Marino Murillo, a affirmé qu'«à Cuba, il n'y aura pas de réforme politique», mais juste «une actualisation», qui «rende notre socialisme durable».

Le pape, qui paraissait fatigué mardi, quittera mercredi soir Cuba. Une inconnue demeure: rencontrera-t-il Fidel Castro, comme le leader communiste l'aurait souhaité selon des informations de presse ? Une entrevue, très attendue mardi, n'a finalement pas eu lieu.