Les chefs présumés des bandes criminelles les plus violentes du Salvador, la Mara Salvatrucha (MS-13) et la Mara 18 (M-18), ont annoncé vendredi leur intention «d'arrêter la guerre» qui les oppose et ont réclamé un soutien pour la réinsertion de leurs membres.

«Nous sommes actuellement en situation de guerre et nous sommes parvenus à la décision qu'il fallait y mettre fin», a déclaré Carlos Ernesto Mojica, chef présumé de la M18 dans un document publié par le quotidien El Diario de Hoy.

M. Mojica, surnommé «Le vieux Lin», a récemment été transféré d'une prison de haute sécurité vers un centre pénitentiaire de la capitale.

Pour sa part, Romeo Enrique Henriquez, de la MS-13, a expliqué que cette décision avait été mûrie de longue date.

«C'est un accord (...) que nous évoquons depuis plusieurs années, (et) aujourd'hui c'est le bon moment», a déclaré celui qu'on surnomme «El Diablo».

Dans leur missive, les deux criminels ont par ailleurs dénoncé les conditions de détention des membres de leurs groupes et demandé au gouvernement un appui «pour la réinsertion sociale» ainsi que «des opportunités de travail et d'éducation».

Mardi, le chef de l'armée salvadorienne Fabio Colindres avait déjà rapporté l'intention des parties de mettre fin à leur conflit, après une médiation de l'Église, de lui-même et de l'ex-guérillero Raul Mijango, aujourd'hui impliqué dans le milieu associatif humanitaire.

Le Salvador, plus petit pays d'Amérique centrale, est ravagé par la pauvreté et la violence. Il présente un taux d'homicide parmi les plus élevés au monde (65 pour 100 000 habitants en 2011).

Selon la police salvadorienne, les «maras», bandes ultra-violentes reconnaissables à leurs membres tatoués parfois jusqu'au visage, sont responsables -et souvent victimes- de 90% des 13 à 14 homicides recensés chaque jour dans le pays.

Créées dans les années 1980 par des membres de gangs expulsés des États-Unis, les «maras» (abréviation de «marabunta», une fourmi carnivore d'Amazonie, NDLR) comptent des dizaines de milliers de membres en Amérique centrale, des adolescents désoeuvrés recrutés dans les quartiers les plus pauvres.

Elles sont impliquées dans le trafic de drogue et d'armes, et sont responsables d'extorsions et d'enlèvements contre rançon.

Dans son documentaire La Vida loca, le photographe-cinéaste Christian Poveda, assassiné en 2009 au Salvador, avait filmé les tentatives de rédemption de gangsters de la «Mara 18», des jeunes des quartiers pauvres aux histoires personnelles souvent douloureuses et eux-mêmes victimes de la guerre des gangs.