L'identification des 355 corps calcinés des prisonniers morts mardi soir dans l'incendie d'un pénitencier à Comayagua (centre du Honduras) se poursuivait jeudi, alors que les autorités ont ouvert une enquête pour trouver les responsables de la tragédie.

Le travail des médecins légistes du Honduras, qui ont reçu l'aide de confrères de plusieurs pays, est rendu difficile par l'état des corps, complètement carbonisés.

«Il s'agit d'un processus long, mais nous avons le soutien de pays amis: des spécialistes, dentistes, légistes sont arrivés du Chili, des États-Unis, du Guatemala, du Salvador», a déclaré à l'AFP le ministre de la Sécurité publique, Pompeyo Bonilla.

Il a précisé que «les premiers 115 corps ont été transportés dans des conteneurs réfrigérés dans la nuit de mercredi à jeudi à la morgue de Tegucigalpa, à environ 90 km de la prison de Comayagua, 146 autres suivent dans la matinée et le reste dans la journée de jeudi pour y être identifiés par des équipes techniques».

Le bilan officiel définitif a été arrêté jeudi à 355 morts, sur les 852 prisonniers -le double de la capacité de la prison. Certains des survivants ont été hospitalisés. D'autres, sains et saufs, sont dans un lieu tenu secret, avant d'être dirigés vers un centre de détention.

La France a annoncé l'envoi d'une aide d'urgence pour grands brûlés et dans le domaine de la médecine légale.

La plupart des victimes sont mortes accrochées aux barreaux de leur cellule, d'autres asphyxiées par la fumée ou étouffées, a raconté un témoin à l'AFP.

Effondrées, les familles des victimes ont été conduites en bus à Tegucipalpa et hébergées dans l'attente de l'identification des cadavres.

Le président Porfirio Lobo a suspendu de leurs fonctions tous les responsables des services pénitenciers pour permettre aux enquêteurs de travailler en toute indépendance.

«Nous allons mener l'enquête jusqu'au bout afin de déterminer qui sont les responsables de cette inacceptable tragédie», a-t-il dit dans un message retransmis à la télévision et à la radio.

Des prisonniers, effrayés par les flammes, ont dû faire face à un barrage de tirs en l'air, selon des témoins, des gardiens croyant qu'il s'agissait d'une tentative d'évasion. Un panneau du pénitencier prévient à l'entrée : «Que justice soit faite, même si le monde devait en périr».

«Les gens voulaient sortir par le portail, mais personne n'ouvrait: nous avons retiré le faux plafond et sommes sortis par le toit avant de sauter d'un mur», a raconté à l'AFP l'un des prisonniers, Fabricio Contreras, 34 ans, qui s'est fracturé une cheville.

Pour le président du Comité pour la défense des droits de l'homme, Andres Pavon, «il y a eu négligence à l'heure d'ouvrir les portes».

Le porte-parole de la Police nationale, Ivan Mejian, est moins sûr. «Nous ne sommes pas certains qu'il y a eu obstruction ou négligence, voire même retard. L'arrivée (des pompiers) a été quasiment immédiate», a-t-il dit.

Les autorités ont évoqué la piste d'un court-circuit ou d'un détenu ayant mis le feu à un matelas.

L'incendie, le pire jamais enregistré dans un pénitencier dans le monde depuis 10 ans, s'est déclaré à 22h50 heure locale mardi (23h50, heure de Montréal) et a été maîtrisé environ trois heures plus tard.

En mai 2004, une centaine de prisonniers étaient morts dans un incendie dans une autre prison hondurienne, à San Pedro Sula.

Le Honduras, pays d'Amérique centrale qui détient le record mondial du taux d'homicides par habitant (plus de 80 pour 100 000 selon l'ONU), dispose de 24 centres de détention, d'une capacité totale de 8000 places, mais la population carcérale atteint 13 000 personnes pour 7,7 millions d'habitants.