Le président mexicain Felipe Calderon a déclaré jeudi que l'État devait demander pardon pour ne pas avoir protégé les victimes de la violence liée au narcotrafic, tout en défendant sa stratégie militaire contre le crime organisé lors d'un dialogue public avec ses détracteurs.

«Tous ceux qui travaillent pour l'État sont responsables et je conviens que nous devons demander pardon pour ne pas avoir protégé la vie des victimes, mais pas pour avoir agi contre les criminels», a répondu Calderon au poète Javier Sicilia et aux autres signataires du «pacte contre la violence» qui lui avaient demandé un geste en ce sens lors d'une rencontre radiotélévisée à Mexico.

Plus de 200 organisations civiles ont paraphé le 10 juin ce document réclamant la fin de l'offensive militaire contre les narcotrafiquants, qui a fait plus de 37 000 morts depuis l'arrivée au pouvoir de Calderon fin 2006.

La signature de ce pacte a marqué le point d'orgue de la campagne civile contre la violence, lancée par Sicilia après la mort fin mars de son fils, tué avec six autres personnes dans des faits liés au trafic de drogue.

La réunion de jeudi a débuté par une minute de silence à la demande du poète et journaliste contre ce qu'il a qualifié de «guerre atroce et insensée» «contre une armée qui n'existe pas, car ce sont des criminels».

Sicilia a ensuite réclamé des indemnisations pour les familles des victimes  et la création d'une commission de la vérité pour enquêter sur les dizaines de milliers d'assassinats et de disparitions survenues depuis fin 2006, afin de mettre un terme à l'impunité qui est la règle dans ces affaires.

Le chef de l'État, entouré de plusieurs ministres, a écouté les doléances et témoignages de proches de victimes venus accompagner Sicilia et a reconnu que les autorités avaient tardé à envoyer des renforts dans les zones passées sous contrôle du crime organisé, mais a refusé d'abandonner sa stratégie militaire.

Le déploiement de 50 000 soldats en renfort de la police depuis fin 2006 a contribué selon lui à l'arrestation d'importants trafiquants, comme celle, mardi, de Jose de Jesus Mendez, chef du cartel de la «Familia» (la Famille).