La guérilla colombienne des Farc a remis vendredi un otage à une mission humanitaire et devait en libérer un deuxième, dans le cadre d'un processus qui doit aboutir à la remise en liberté de cinq de ses captifs d'ici à dimanche. C'est l'épouse d'Armando Acuna, un élu de 48 ans enlevé en mai 2009, qui a annoncé la nouvelle à la télévision après s'être entretenue au téléphone avec lui.

«Il m'a dit qu'il allait bien», a déclaré à la télévision City TV Nubia Segura après un coup de téléphone de l'ex-otage, vers 11h00 (16h00 GMT). Peu après l'homme a parlé à une radio locale, en assurant qu'il appellerait tous ses concitoyens à l'unité, en vue d'atteindre «la paix et la réconciliation», en Colombie.

L'homme a été récupéré par une mission humanitaire composée notamment de deux délégués du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et de la médiatrice colombienne Piedad Cordoba, qui avait décollé à bord d'un hélicoptère à 8h30 (13h30 GMT) vers une destination tenue secrète où l'otage devait lui être remis.

«Nous sommes absolument sûrs que nous ne rencontrerons aucun obstacle pour cette remise», avait déclaré Piedad Cordoba avant le départ de Florencia (environ 600 km au sud de Bogota).

La mission doit encore récupérer un matelot de la Marine, Henry Lopez, enlevé en mai 2010 et âgé de 25 ans.

Piedad Cordoba, ex-sénatrice du Parti libéral (centre gauche) ayant déjà contribué à la libération de 15 otages en tant que médiatrice, a précisé que le processus prendrait au total six à sept heures.

La guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes) a déjà libéré unilatéralement mercredi un autre conseiller municipal, Marcos Baquero. Elle prévoit aussi de relâcher dimanche un policier et un caporal de l'armée.

Ces otages sont les premiers libérés par la guérilla des Farc depuis que l'ex-ministre de la Défense (2006-2009) Juan Manuel Santos a accédé au pouvoir, en août 2010.

La guérilla des Farc, fondée en 1964 et active sur près de la moitié du territoire colombien, détient encore 18 otages qu'elle qualifie de «prisonniers politiques», des policiers et militaires qu'elle prétend échanger contre ses combattants incarcérés.

Une centaine de civils seraient par ailleurs détenus par cette guérilla et celle de l'ELN (Armée de libération nationale, guévariste) selon les autorités colombiennes.

Dimanche, Piedad Cordoba a laissé entendre que la libération de l'ensemble des «prisonniers politiques» pourrait intervenir d'ici à juillet, suscitant l'espoir d'un dialogue de paix.

Toutefois jeudi, le président colombien Juan Manuel Santos a révélé qu'il avait été sur le point de «suspendre», l'opération de libération de Marcos Baquero, mercredi, après avoir appris que deux employés d'une fabrique de carton avaient été enlevés par cette guérilla quelques heures seulement avant la libération de cet otage.

«J'ai été tenté de suspendre les libérations», a déclaré Juan Manuel Santos, en référence au processus qui implique de la part de l'Etat la suspension des opérations militaires dans les zones de libération. «Il est totalement inacceptable que les Farc libèrent d'une part des otages en le présentant comme un geste généreux et d'autre part enlèvent d'autres personnes, c'est totalement inacceptable», a encore déclaré le chef de l'Etat.

«Nous exigeons la libération de tous les otages et rejetons cette double morale: d'une part libérer en grande pompe et d'autre part continuer à recourir à l'enlèvement», a dénoncé M. Santos.