Le choléra a fait au total 1186 morts en Haïti depuis le début de l'épidémie à la mi-octobre, selon le nouveau bilan communiqué vendredi par le ministère de la Santé, soit 76 de plus que dans le précédent bilan diffusé mercredi.

Le nombre d'hospitalisations atteint 19 646 depuis le début de l'épidémie, selon ces données qui couvrent la période s'arrêtant le 16 novembre.

À Port-au-Prince, la capitale, où se trouvent de nombreux camps de réfugiés du séisme du 12 janvier aux conditions d'hygiène très insuffisantes, le nombre de décès a été revu à la baisse, passant de 46 mercredi à 42 vendredi.

Le département le plus touché est celui de l'Artibonite, région d'où est partie l'épidémie, avec 617 décès au total.

À un peu plus d'une semaine des élections présidentielle et législatives, la situation est tendue dans la capitale.

Jeudi, plusieurs centaines de jeunes ont pris pour cible des soldats de l'ONU dans le centre de Port-au-Prince, les accusant d'être à l'origine de l'épidémie.

MSF sonne l'alarme

Médecins sans frontières (MSF) a alerté vendredi sur la «lenteur très préoccupante du déploiement des secours» en Haïti face au développement de l'épidémie de choléra, l'ONG  appelant «tous les acteurs à renforcer leur action».

«Alors que l'épidémie de choléra prend de l'ampleur, la lenteur du déploiement des secours est désormais très préoccupante», a souligné MSF dans un communiqué daté de Paris.

«De sérieux manques dans le déploiement de mesures adaptées sapent les efforts pour endiguer l'épidémie», qui s'est déclenchée autour du 21 octobre et a déjà fait 1186 morts et touché quelque 20 000 personnes.

«L'heure n'est plus aux réunions et aux discussions, mais à l'action», a estimé Stefano Zannini, chef de mission en Haïti, cité dans le communiqué.

MSF appelle ainsi «tous les groupes et organismes d'aide» présents sur place à «renforcer l'ampleur et la rapidité de leurs efforts».

Selon M. Zannini, «un plus grand nombre d'acteurs est nécessaire pour traiter les malades et mettre en place les mesures de prévention nécessaires», citant la distribution d'eau potable et chlorée, de savon, l'installation de latrines, la gestion et l'enlèvement des déchets dans les structures de soins, l'établissement de «sites d'élimination des déchets à proximité des zones urbaines» ou encore «l'enlèvement et l'inhumation des corps des personnes décédées».

Il faut aussi «rassurer la population effrayée par cette maladie totalement inconnue dans le pays, en l'informant des bénéfices de la présence de centres de traitement du choléra à proximité des communautés», détaille l'ONG, qui a monté une vingtaine de ces centres.

Depuis le début de l'épidémie mi-octobre, l'ONG a traité plus de 16 500 malades. Dans la seule capitale de Port-au-Prince, le nombre de personnes se présentant dans les structures gérées ou soutenues par MSF est passé de 350 la première semaine de novembre à 2250 la semaine suivante.

MSF a acheminé 240 tonnes de matériel et dispose d'un millier d'Haïtiens et 150 expatriés dédiés à la lutte contre l'épidémie.

Pays le plus pauvre du continent américain, Haïti a été frappé en janvier par un séisme faisant 250 000 victimes.