L'ancien chef d'État Nestor Kirchner (2003-2007), mari de la présidente Cristina Kirchner et homme fort de l'Argentine, est mort mercredi d'une crise cardiaque à l'âge de 60 ans, une disparition subite qui bouleverse l'échiquier politique.

La nouvelle tombée dans la matinée a surpris le pays, où tous les magasins étaient fermés et les gens cantonnés chez eux pour un recensement de la population.

Le médecin personnel de l'ancien chef d'État, Luis Buonomo, a annoncé que M. Kirchner était «mort subitement», victime d'une crise cardiaque.

L'ex-président avait été hospitalisé d'urgence peu après 8h (7h heure de Montréal) dans son bastion d'El Calafate, en Patagonie (2500 km au sud de Buenos Aires), où il se reposait en famille.

Il était accompagné de sa femme Cristina Kirchner, avec qui il a eu deux enfants, Maximo (32 ans) et Florencia (19 ans).

Le drapeau du siège de la présidence, la Casa Rosada, a été mis en berne à Buenos Aires.

À 15h, des centaines de personnes étaient rassemblées en face du palais, en attendant un grand rassemblement prévu à 20h heure locale.

Certains ont déposé des fleurs au pied des grilles du bâtiment, qui accueillera, selon le ministre du Travail Carlos Tomada, une veillée funèbre jeudi midi. D'autres ont laissé des messages comme «Merci Nestor» ou «Courage Mme la présidente».

M. Kirchner avait renoncé à briguer un second mandat en 2007, préférant soutenir sa femme, auprès de laquelle il était resté très influent, au point que certains analystes affirmaient qu'il gouvernait en tandem avec son épouse.

Les dirigeants de la région ont rendu hommage à l'ancien chef de l'État argentin. Le président vénézuélien Hugo Chavez et son homologue brésilien Luiz Inacio Lula da Silva ont même décrété trois jours de deuil.

Le président américain Barack Obama et le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, ont également exprimé leurs «sincères condoléances», tandis que le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, faisait part de sa «grande tristesse».

La classe politique argentine a aussi apporté son soutien à la famille Kirchner.

Député, président du parti péroniste au pouvoir et secrétaire général de l'Union des nations d'Amérique du Sud (UNASUR), Nestor Kirchner avait subi deux interventions médicales ces derniers mois, qui avaient fait planer le doute sur sa candidature à la présidentielle de 2011.

Il avait été élu en 2003 avec à peine 22% des voix au premier tour, à la suite du désistement de l'ancien président Carlos Menem (1989-1999), sûr de perdre au second tour.

Mais il s'était rapidement imposé comme le nouvel homme fort du pays grâce au rétablissement spectaculaire de l'économie qui venait de vivre la pire crise de son histoire en 2001-2002.

M. Kirchner avait aussi renforcé son «autorité morale», en obtenant l'annulation des lois d'amnistie et la réouverture des procès des militaires pour les crimes commis sous la dictature (1976-1983).

Mais elle avait été écornée par des soupçons d'enrichissement personnel. Les Kirchner ont amassé, selon leur propre déclaration patrimoniale, une fortune de 55 millions de pesos (14 millions $), soit une augmentation supérieure à 700% depuis l'élection de Nestor en 2003.

Bien qu'élu député, M. Kirchner avait été affaibli par la défaite de sa liste face à l'opposition aux législatives de juin 2009 et la perte de la majorité de son parti au Congrès.

Tout récemment, la Confédération générale du travail (CGT, péroniste), son dernier soutien, avait été déstabilisée par l'assassinat d'un jeune militant trotskiste. On soupçonne des membres de la CGT d'avoir recruté des hooligans pour tuer ce militant.