Les cartels de la drogue au Mexique ont utilisé pour la première fois une voiture piégée pour tuer deux policiers jeudi à Ciudad Juarez, une escalade dans leur guerre pour le contrôle du trafic, qui a déjà fait 7000 morts depuis le début de l'année.

À ce rythme, le précédent «record» datant de l'an dernier va être battu: 9000 morts dues à la guerre des cartels avaient été enregistrées en 2009, selon le Parquet général à Mexico.

L'attaque à Ciudad Juarez a fait quatre morts, deux policiers, un médecin et un secouriste, a annoncé vendredi le commandant de la 5e zone militaire, Eduardo Zarate, chargé de cette région frontalière des États-Unis.

«Nous avons trouvé les résidus de 10 kg d'un explosif connu sous le nom de C4 et d'un téléphone portable» qui pourrait avoir servi de détonateur, a-t-il déclaré à la presse.

Des membres présumés d'un cartel avaient lancé la voiture contre deux véhicules de police dans la soirée de jeudi.

Le ministre de la Justice, Arturo Chavez, a déclaré à la presse qu'aucune preuve ne pouvait laisser penser à un acte inédit de «narcoterrorisme».

Ses services se sont refusés vendredi après-midi à confirmer l'information donnée par le commandant militaire, avant d'avoir pris connaissance des rapports des experts.

Jamais encore les cartels mexicains n'avaient utilisé une voiture piégée dans leurs affrontements avec les forces de l'ordre, selon les autorités.

Trois membres des «Zetas», un gang rivalisant avec les grands cartels, avaient toutefois avoué avoir jeté des grenades dans une foule réunie pour la Fête nationale le 15 septembre 2008 à Morelia, capitale de l'État de Michoacan (ouest), la région natale du chef de l'État, Felipe Calderon. Huit personnes avaient été tuées.

Jeudi soir à Ciudad Juarez, un policier avait déclaré à l'AFP sur les lieux de l'attaque que les agresseurs avaient lancé une grenade à fragmentation contre les deux véhicules et qu'une autre grenade avait explosé quand les secours médicaux et la presse étaient arrivés.

Pour la police, l'attaque constitue une réponse du cartel de Juarez à l'arrestation le jour même d'un de ses responsables locaux, Jesus Armando Acosta, surnommé «Le 35».

Selon un nouveau bilan officiel, communiqué vendredi par le ministère de la Justice, «au moins 7048 morts» sont imputables aux cartels cette année et 24 826 depuis décembre 2006, date de l'arrivée au pouvoir du président Calderon qui a déclaré la guerre aux trafiquants.

Ce bilan est dû essentiellement à des règlements de comptes entre gangs rivaux qui se disputent le contrôle du trafic de drogue à destination des États-Unis, premier client mondial de la cocaïne dont la quasi-totalité provient d'Amérique latine.

Il inclut aussi les morts dans les affrontements des hommes des cartels avec la police et l'armée.

Ce bilan sans précédent s'explique par la «pression permanente de l'État» sur les trafiquants, a affirmé M. Chavez à la presse.

La pression gouvernementale, avec le déploiement d'environ 50 000 militaires en renfort de la police dans tout le pays, «ne se manifestait pas auparavant», avant fin 2006, et les organisations criminelles y répondent depuis de manière de plus en plus violente, a expliqué M. Chavez.