Le gouvernement cubain a commencé mardi le transfère de prisonniers politiques vers des prisons situées près de leurs familles, après une médiation de l'Église catholique qui espère les voir libérer, selon des sources de l'opposition et des familles de détenus.

«Jusqu'à maintenant (il y a eu) trois transfères sur 17 prévus. Le processus a commencé, ils vont le mener entre aujourd'hui et demain», a déclaré à l'AFP Elizardo Sanchez, président de la Commission cubaine des droits de l'homme (CCDHRN), une organisation illégale mais tolérée par le pouvoir.

Le pouvoir communiste cubain est sous pression depuis la mort fin février du prisonnier politique Orlando Zapata, 42 ans, après une grève de la faim. Ce décès controversé, déploré par les États-Unis et l'Union européenne, a été suivi par le jeûne de protestation de Guillermo Farinas qui réclame la libération d'au moins dix détenus politiques souffrants.

Selon Elizardo Sanchez, les prisonniers Felix Navarro et Antonio Diaz, condamnés respectivement à 25 et 20 ans de prison, détenus dans la province de Ciego de Avila, dans le centre de l'île communiste, ont été transférés dans les prisons de Matanzas et La Havane, dans l'ouest.

Diosdado Gonzalez, condamné à 20 ans de prison, est quant à lui été transféré de Pinar del Rio, dans l'ouest de l'île, vers sa province natale de Matanzas.

Ces trois hommes font partie d'un groupe de 53 dissidents arrêtés et condamnés en 2003 à des peines de 6 à 28 ans de prison, et sont considérés comme des prisonniers de conscience par l'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty international.

«L'affaire est sans importance parce que c'est un transfère d'une prison de haute sécurité vers une prison similaire, même si plus proche de chez soi. Mais le (vrai) sujet c'est leur liberté. Si cela précède des libérations, ce serait bien, mais c'est encore prématuré», a déclaré Elizardo Sanchez.

L'épouse de Diosdado Gonzalez, Alejandrina Garcia, a dit à l'AFP avoir été informée du transfères par d'autres détenus. «Cela me réjouit, parce que s'ils le mettent dans la prison d'ici, il me faut seulement 20 km pour aller le voir, mais là où mon mari doit être c'est chez lui, libre, avec sa famille».

«Pour moi, c'est un bon geste de la part du gouvernement, vu que cela fait de nombreuses années qu'ils sont hors de leurs provinces, sans tenir compte qu'ils purgent une condamnation injuste, mais c'est un pas en avant», a dit à l'AFP Gisela Sanchez, la femme d'Antonio Diaz.

Dans le cadre d'un processus de négociations, l'Église catholique cubaine et la dissidence attendaient ces derniers jours avec espoir mais prudence que les autorités commencent à transférer des détenus politiques dans leur province d'origine.

Si ces transfères étaient confirmés officiellement, il s'agirait d'un premier geste en faveur des prisonniers de la part du président Raul Castro, qui a rencontré pendant quatre heures le 19 mai le cardinal Jaime Ortega et le dirigeant de la Conférence épiscopale, Dionisio Garcia.

Selon la dissidence, sur les 200 prisonniers politiques que compte le pays, 17 sont incarcérés loin de leur lieu de résidence, et 25 ont des problèmes de santé. Les autorités affirment que ces détenus sont des mercenaires à la solde des États-Unis qui imposent depuis 48 ans un embargo à l'île.

Felix Navarro est un professeur de 56 ans qui militait au sein du Mouvement Tous unis, Diosdado Gonzalez un agriculteur de 45 ans qui dirigeait une section locale du Parti Paix, Démocratie et Liberté, et Antonio Diaz, un électricien de 47 ans du Mouvement chrétien de Libération d'Oswaldo Paya. Tous ces groupes sont illégaux.