La pilule du lendemain continue à susciter la polémique au Pérou, où un cardinal membre de l'Opus Dei a demandé mercredi le limogeage du ministre de la Santé, trois semaines après l'autorisation de la distribution gratuite du médicament en pharmacie.

«Je ne sais pas ce que le président Alan Garcia attend pour renvoyer chez lui le ministre car il me semble qu'un ministre qui distribue des pilules pour tuer des embryons n'est pas un ministre de la Santé», a déclaré à Radioprogramas Juan Luis Cipriani, membre de l'aile la plus conservatrice de la puissante Église catholique locale.

Le ministre de la Santé, Oscar Ugarte, a répondu en dénonçant «l'impertinence» du cardinal. «Le président de la République est libre de renvoyer un fonctionnaire quand il le juge opportun», a-t-il ajouté.

Début mars, l'exécutif a décidé de passer outre une décision du tribunal constitutionnel qui avait interdit en octobre la distribution gratuite et publique de la pilule du lendemain, en raison de doutes sur ses éventuels effets abortifs, tout en autorisant sa vente dans les cliniques privées, à un prix élevé (20 soles, 5 euros).

Le gouvernement avait entre-temps sollicité l'OMS (Organisation mondiale de la Santé) qui lui a assuré que ce contraceptif oral d'urgence n'était pas abortif.

Le vice-président du tribunal constitutionnel, Carlos Mesia, a qualifié «d'outrage» la décision du gouvernement de reprendre la distribution gratuite de la pilule, saluée en revanche par des organisations féministes et des associations de défense des droits de l'homme.

Le tribunal a reconnu que sa position ne faisait pas l'unanimité, 65 à 75% de la population y étant selon lui opposée.