La course à la présidentielle a démarré en Colombie entre huit candidats dont une bonne partie appartient à la majorité de droite qui avait porté Alvaro Uribe au pouvoir, incapable de rester unie en l'absence du chef de l'État colombien.

Une semaine après les législatives du 14 mars et un peu plus de deux mois avant le premier tour du 30 mai, la droite, incarnant la fermeté face à la guérilla des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie) paraît favorite, alors qu'elle remporterait au moins 58 sièges au Sénat et la majorité à la Chambre des représentants, selon des résultats partiels.

Mais depuis que l'hypothèse d'une troisième candidature du président sortant, a été écartée par la Cour constitutionnelle, la droite marche en ordre dispersé.

Il y a le dauphin naturel, Juan-Manuel Santos, 58 ans, ex-ministre de la Défense, qui a emporté les plus médiatiques trophées dans la lutte contre la guérilla des Farc, notamment le sauvetage, le 2 juillet 2008, de 15 de ses otages les plus précieux, dont Ingrid Betancourt.

Cet ancien journaliste, également ex-ministre du Trésor, candidat du Parti social d'unité nationale (Parti de la U), le plus proche d'Alvaro Uribe, attend cependant toujours d'être désigné comme son fils spirituel.

Dans l'ancienne coalition, il fait face à la candidate du Parti conservateur Noemi Sanin, 60 ans, ex-ministre des Affaires étrangères déjà deux fois candidate à la présidence, qui refuse une alliance, et a pour programme la sécurité et la lutte contre la corruption.

Il affronte également l'homme du parti Cambio Radical, German Vargas Lleras, 48 ans, ex-allié d'Uribe, très critique à l'égard du gouvernement, bien que favorable à la poursuite de la politique de fermeté face à la guérilla.

Sergio Fajardo, ancien maire de Medellin également populaire mais sans mouvement politique solide reste également dans la course.

À gauche, le Parti libéral (social-démocrate) présente un autre ex-ministre de la Défense, Rafael Pardo, 56 ans, et le Pôle démocratique alternatif (gauche) un ex-guérillero, Gustavo Petro.

Le tableau est complété par un ancien maire de Bogota, Antanas Mockus, du Parti vert et un ex-magistrat, Jaime Araujo, porte-drapeau de l'Alliance sociale afro-colombienne.

Noemi Sanin a «de grandes possibilités de passer au second tour puis ensuite, dans le cadre d'une alliance, de disputer (à d'autres), la présidence», estime le politologue Alfredo Rangel, remettant en question les conclusions d'autres observateurs pour lesquels la victoire de M. Santos était acquise.

Santos et Sanin sont les «deux options présidentielles les plus fortes», assure l'éditorialiste Leon Valencia, tandis que l'universitaire Fernando Giraldo estime qu'une partie du mouvement de Mme Sanin pourrait échanger son appui à Santos contre des postes dans son futur gouvernement.

Juan-Manuel Santos a pour sa part publiquement évoqué la nécessité d'un dialogue avec le Venezuela du socialiste Hugo Chavez. Il a ensuite choisi, comme «vice-président» un ancien dirigeant communiste, Angelino Garzon.

«Santos se voit comme la combinaison gagnante», note un diplomate européen, en soulignant toutefois que le jeu est plus ouvert qu'il n'y paraît. «Il y a beaucoup de sympathisants du parti de la U contre lui, de libéraux contre Pardo et de conservateurs contre Sanin», ajoute-t-il en estimant que M. Santos, loin devant ses concurrents selon un sondage sera certainement au second tour.