Les 22 pays ibéro-américains, réunis en sommet à Estoril (Portugal), ont affiché leurs profondes dissensions sur la situation au Honduras après l'élection controversée de dimanche, éclipsant le programme officiel de leur rencontre.

Après deux jours de travaux, les dirigeants d'Amérique latine, d'Espagne, du Portugal et d'Andorre se sont quittés mardi sans parvenir à dégager une position commune sur la présidentielle, organisée cinq mois après le coup d'État qui a renversé le président Manuel Zelaya.

Selon une déclaration unilatérale de la présidence portugaise du sommet, les chefs d'État et de gouvernement ibéro-américains ont «condamné le coup d'État» et jugé «fondamental» le rétablissement du président Zelaya, «démocratiquement élu».

Dans ce document, qui n'a suscité «aucune objection des délégations» selon le premier ministre portugais José Socrates, ils s'engagent à «contribuer activement à la recherche d'une solution qui permette l'ouverture d'un dialogue national et le rétablissement d'un régime démocratique au Honduras».

«Il y a des différences d'opinions entre les gouvernements sur l'avenir immédiat» et en particulier sur la «valeur accordée» au scrutin, a confirmé à l'issue de la rencontre le chef du gouvernement espagnol José Luis Zapatero.

«Ces sommets fonctionnent par consensus, mais nous pensons que le critère de la majorité devrait prévaloir», a pour sa part regretté Patricia Rodas, ministre des Affaires étrangères du président déchu.

Parmi les pays d'Amérique latine, seuls le Costa Rica, le Panama et la Colombie ont formellement reconnu le scrutin à l'issue duquel le candidat d'opposition Porfirio Lobo s'est déclaré vainqueur dimanche soir.

«Nous ne pouvons pas faire de concessions au putschiste (...) transiger avec le vandalisme politique», a déclaré mardi avec force le président brésilien Inacio Lula da Silva. «Si cela se faisait, la démocratie courrait un risque grave en Amérique latine», a-t-il affirmé.

Alors que la majorité des pays latino-américains ont refusé de reconnaître un scrutin qu'ils jugent illégitime, certains pays comme l'Espagne ou le Salvador ont adopté une position intermédiaire en demandant aux acteurs honduriens d'oeuvrer à un «accord national».

La situation au Honduras a largement bousculé le programme d'un sommet officiellement consacré à l'innovation et la connaissance, marqué par l'absence de huit chefs d'État latino-américains, parmi lesquels le Vénézuélien Hugo Chavez, le Cubain Raul Castro et le Bolivien Evo Morales.

Dans la Déclaration de Lisbonne, les 22 pays se sont engagés à «développer des politiques publiques en matière d'innovation et de connaissance qui promeuvent l'équité», sans entériner toutefois un programme de coopération auquel l'Espagne devait allouer trois millions d'euros.

À moins d'une semaine de la conférence de l'ONU sur le climat à Copenhague, les dirigeants ibéro-américains ont appelé à des financements internationaux «supplémentaires» et «suffisants» pour aider les pays en voie de développement à lutter contre le réchauffement climatique.

Le 20e sommet ibéro-américain aura lieu l'an prochain à Mar del Plata en Argentine.