Le gouvernement putschiste du Honduras a annoncé lundi l'abrogration d'un décret qui a restreint les libertés pendant une semaine, accédant à une condition posée par le président déchu Manuel Zelaya pour l'ouverture d'un dialogue.

«Nous avons abrogé le décret en conseil des ministres, le décret dans son intégralité est abrogé», a déclaré le président putschiste Roberto Micheletti au cours d'une conférence de presse à Tegucigalpa, la capitale du petit pays pauvre d'Amérique centrale. M. Micheletti avait dit plus tôt à la télévision Canal 5 qu'il prendrait cette décision parce que le pays est rentré «dans le calme».

Le gouvernement issu du coup d'État qui a renversé M. Zelaya avait signé le 27 septembre un décret contesté, limitant les libertés de circulation, de réunion et de presse, et autorisant les arrestations sans mandat.

Deux médias opposés au coup d'État, Radio Globo et la chaîne 36 de télévision, avaient été fermés le lendemain.

L'abrogation du décret était une des conditions posées par M. Zelaya pour entamer un dialogue «sincère» avec le régime de M. Micheletti.

Mais le président déchu demande également la levée du siège militaire et policier contre l'ambassade du Brésil à Tegucigalpa, où il est réfugié depuis son retour surprise et clandestin au Honduras le 21 septembre.

M. Micheletti avait fait un premier pas en avant plus tôt dans la journée en laissant entendre qu'il admettait un retour au pouvoir de M. Zelaya, mais uniquement après les élections législatives et présidentielle du 29 novembre.

«Le retour au pouvoir est une aspiration de M. Zelaya qu'il faudrait écouter d'un point de vue plus large, d'un point de vue légal», a-t-il dit au cours d'une interview diffusée par Canal 5.

«C'est la Cour suprême qui devrait prendre cette décision», parce qu'on «ne peut pas rétablir un monsieur qui a des problèmes légaux», a ajouté M. Micheletti, en allusion à l'accusation de «trahison à la patrie» portée contre M. Zelaya par la justice.

M. Zelaya a été renversé le 28 juin par un coup d'État et expulsé du pays le jour où il avait organisé contre l'avis de la Cour suprême une consultation populaire dans le but de changer la Constitution, qui interdit notamment à un président de briguer un deuxième mandat.

Son mandat devait expirer le 27 janvier 2010.

M. Micheletti avait toujours rejeté catégoriquement un retour au pouvoir du président déchu. Il était d'accord pour que M. Zelaya revienne au Honduras, mais uniquement pour se présenter devant la justice.

Ce refus avait fait échoué en juillet un plan de sortie de crise soutenu par la communauté internationale et proposé par le président du Costa Rica Oscar Arias.

Le plan, qui doit servir de base cette semaine à un dialogue entre le gouvernement putschiste et le président déchu sous l'égide de l'Organisation des États américains (OEA), prévoit un retour au pouvoir de M. Zelaya jusqu'à la fin de son mandat, la formation d'un gouvernement d'union nationale et une présidentielle anticipée.

Le président déchu a proposé lundi au gouvernement putschiste de signer «immédiatement» le plan Arias, a-t-il dit à l'AFP par téléphone.

Une mission censée accompagner le dialogue doit arriver mercredi au Honduras, composée de cinq ministres des Affaires étrangères de pays membres de l'OEA (Costa Rica, Equateur, Salvador, Mexico et Panama), trois secrétaires d'État (Canada, Jamaïque, Guatemala), le secrétaire d'État espagnol aux Affaires ibéroaméricaines et le secrétaire général de l'OEA, José Miguel Insulza.