Trente-huit paysans honduriens partisans du président déchu Manuel Zelaya ont entamé samedi une grève de la faim en prison, où ils sont détenus depuis un raid mené par la police contre leur campement à Tegucigalpa, a annoncé à l'AFP une source syndicale.

Plusieurs centaines de partisans du président déchu ont par ailleurs bravé un décret s'apparentant à un état de siège, en se rassemblant dans un quartier défavorisé de la capitale, El Pedregal, où un festival d'art a été organisé en faveur du retour au pouvoir de M. Zelaya, a constaté un journaliste de l'AFP.

Des journalistes de Radio Globo, la radio d'opposition fermée lundi de même qu'une chaîne de télévision par le gouvernement putschiste, ont agité devant le siège des rubans verts en signe de protestation.

La grève de la faim des 38 paysans a débuté à l'intérieur de la plus grande prison du pays, la Penitencia Nacional, à 25 km au nord de la capitale, a affirmé à l'AFP le dirigeant syndicaliste agricole Rafael Alegria, membre d'un Front de résistance contre le coup d'État qui a renversé M. Zelaya le 28 juin.

Les paysans réclament «le retour au pouvoir du président et le respect de notre droit à la terre», avait expliqué vendredi à l'AFP dans la cour de la prison Benedicto Flores, 48 ans, un paysan de Moroceli, à 80 km à l'est de Tegucigalpa, et actuellement sous les verrous.

Le président déchu, élu comme candidat de droite fin 2005, avait donné un coup de barre à gauche l'an dernier.

Avant le coup d'État, il devait faire passer un décret législatif attribuant de petites parcelles à 300.000 paysans qui réclament un accès à la terre depuis 40 ans.

Mercredi, le gouvernement putschiste de Roberto Micheletti a mené un raid militaro-policier contre un immeuble occupé par des paysans partisans de M. Zelaya, arrêtant 55 d'entre eux.

Une centaine de salariés agricoles campaient dans l'immeuble de l'Institut national de la réforme agraire (Inra) et manifestaient dans la journée en faveur du président déchu, réfugié à l'ambassade du Brésil depuis son retour clandestin au pays le 21 septembre.

Sept femmes et deux enfants ont été libérés par la suite et huit hommes ont été condamnés à des «mesure substitutives à la prison». Les 38 hommes restant ont été emprisonnés.

«Nous sommes accusés de sédition parce que nous étions en train d'implorer le retour de notre président pour que tout cela se termine. On peut s'attendre à n'importe quoi avec ce gouvernement criminel. Les avocats nous ont dit qu'on veut nous condamner à la peine maximale, dix ans», a dit à l'AFP en prison Ramon Diaz, un habitant de Paraiso, localité à 110 km à l'est de la capitale.

Selon le directeur de la prison, les paysans passeront mardi devant un juge.

M. Micheletti avait signé dimanche un décret restreignant la liberté de presse et de réunion dans le pays, qui permet des arrestations sans mandat.

La grève de la faim et les manifestations ont lieu peu avant l'amorce d'un dialogue entre le gouvernement de facto et M. Zelaya, prévue «la semaine prochaine», selon l'Organisation des États américains (OEA).