Les ministres de la Défense et des Affaires étrangères sud-américains se sont donné rendez-vous mardi en Équateur pour tenter de mettre en place des mécanismes régionaux de sécurité et de dialogue, après un été de polémiques liées à un accord militaire américano-colombien.

La réunion intervient à peine deux semaines après le sommet extraordinaire organisé à Bariloche, en Argentine, le 28 août, par l'Union des Nations sud-américaines (Unasur), destiné à mettre fin à la crise régionale déclenchée par cet accord autorisant l'armée américaine à faire usage de sept bases en Colombie et faisant craindre à ses voisins qu'il permette aux États-Unis de mener des opérations bien au-delà de ses frontières. L'accord - présenté par Bogota comme une simple coopération renforcée dans le domaine de la lutte antidrogue et antiterroriste - a suscité de vives réactions, notamment du chef de l'État vénézuélien Hugo Chavez, qui avait gelé les relations diplomatiques avec la Colombie, l'accusant de servir la stratégie globale de «domination» des États-Unis.

Mardi, les ministres se pencheront sur une proposition équatorienne ayant pour but de «créer les mécanismes de confiance mutuelle en termes de sécurité», a annoncé le ministre équatorien des Affaires étrangères, Fander Falconi.

Ils devront arrêter des mécanismes qui respectent les «principes de souveraineté, d'intégrité et d'inviolabilité territoriale et de non-ingérence dans les affaires internes des États» a-t-il aussi déclaré.

La réunion a pour but de mettre en place un processus pour que l'Unasur soit capable de «gérer ses problématiques, en interne», a expliqué le ministre de la Défense équatorien Javier Ponce.

Ces mesures ne concernent pas uniquement la Colombie, mais toute la région», a-t-il encore assuré en ajoutant qu'elles impliqueraient une exigence de «transparence» sur les éventuelles opérations menées avec d'autres pays, les stratégies, les manoeuvres ou encore les armements.

La réunion intervient alors qu'Hugo Chavez a exigé que le président américain Barack Obama y participe pour «nous expliquer le dossier des bases», ce que le chef de la diplomatie équatorienne a écarté.

Toutefois, Gustavo Marquez, l'ambassadeur vénézuélien en Colombie, a aussi déclaré dimanche que l'Unasur devait pouvoir discuter de tous les accords militaires passés avec des pays non membres, y compris la Russie, avec laquelle son pays a considérablement renforcé sa coopération.

Il a insisté sur l'apaisement nécessaire, estimant que «l'essentiel» est qu'à Quito l'on puisse «dialoguer».

Par ailleurs les ministres colombiens de la Défense et des Affaires étrangères ont annoncé qu'ils feraient le déplacement, en dépit des tensions entre les deux pays qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis le bombardement par Bogota d'une base de la guérilla colombienne des Farc (Forces armées révolutionnaires marxistes) en Equateur, en mars 2008.

La visite, à priori sans entretiens bilatéraux selon Quito, est la première de ce niveau depuis la rupture de leurs relations.

À l'ordre du jour de la réunion figureront également le terrorisme, le trafic d'armes et de drogue.