Le secrétaire général de l'OEA a qualifié la destitution du président du Honduras Manuel Zelaya de «coup d'Etat militaire» vendredi à Tegucigalpa, où la crise politique s'accentue après que la Cour suprême a déclaré que la destitution du président Manuel Zelaya était «irréversible».

«C'est un coup d'Etat militaire dans une région où nous pensions qu'il n'y aurait plus de coup d'Etat militaire», a affirmé le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA), José Miguel Insulza, en conférence de presse, à propos de l'éviction de M. Zelaya dimanche.

Les autorités qui ont destitué Manuel Zelaya «n'ont aucune intention de revenir en arrière», a-t-il aussi déclaré, douchant l'espoir d'un début de dialogue soulevé par son arrivée vendredi à Tegucigalpa.

Le président de la Cour suprême du Honduras, Jorge Rivera, lui a annoncé vendredi que la destitution du président Zelaya était «irréversible».

Un peu plus tôt, M. Insulza a estimé que l'OEA était sur la voie d'une «suspension» samedi lors de sa réunion à Washington, selon un des diplomates en contact avec les pays donateurs du G16 avec lesquels le responsable de l'OEA s'est entretenu.

Lors de cette rencontre, le secrétaire général de l'OEA a fait part de son pessimisme. Il «ne voit pas de porte de sortie dans l'immédiat» et estime que la crise va «durer longtemps», a rapporté la même source.

M. Insulza est arrivé à la mi-journée à Tegucigalpa avec l'objectif de «réinstaller le président Zelaya comme premier magistrat de cette nation», avait précisé l'OEA, menaçant mercredi d'exclure le Honduras de ses rangs si le président destitué n'était pas rétabli «dans les 72 heures». Une telle suspension serait la deuxième à être décidée par l'OEA après celle de Cuba en 1962.

Selon le diplomate, M. Insulza, qui doit rester dans la capitale jusqu'à samedi, n'avait pas rencontré Roberto Micheletti, le chef de l'Etat désigné après la suspension de M. Zelaya.

M. Insulza «ignore quelles sont les intentions de Zelaya», auquel il a parlé au téléphone pendant sa réunion à Tegucigalpa, selon des diplomates.

M. Zelaya, au pouvoir depuis janvier 2006, a été destitué dimanche après avoir été arrêté par des militaires et expulsé du pays pour avoir tenté d'organiser une consultation populaire sur la possibilité de briguer un second mandat présidentiel, démarche jugée illégale par la Cour suprême.

De son côté, M. Micheletti avait déclaré jeudi n'avoir «aucune objection» à une élection présidentielle anticipée: c'est l'une des solutions à une sortie de crise que la communauté internationale souhaiterait voir acceptées par les deux camps rivaux.

M. Micheletti a toutefois répété son refus d'un retour au pouvoir de M. Zelaya, exigé par les Nations unies et par l'OEA. Et il n'a pas prévu de rencontrer M. Insulza, puisque l'OEA ne le reconnaît pas comme président, a-t-il dit.

M. Zelaya a réaffirmé jeudi qu'il rentrerait au Honduras. Il n'a plus cité la date de dimanche, mais elle reste possible, selon le président nicaraguayen Daniel Ortega. Le président équatorien Rafael Correa a proposé vendredi d'accompagner M. Zelaya.

M. Micheletti, qui a de nouveau menacé M. Zelaya d'une «arrestation immédiate» s'il revenait, a fait approuver par le Congrès la suspension de certaines libertés constitutionnelles pendant le couvre-feu prolongé jusqu'en fin de semaine, notamment les droits d'association, de réunion, de mouvement ou de sortie du territoire.

Le président vénézuélien Hugo Chavez a annoncé vendredi la suspension des livraisons de pétrole au Honduras, qui bénéficie d'un accord de coopération énergétique avec Caracas.

Les deux camps ont continué à manifester vendredi, comme la veille. Un défilé de plusieurs milliers de partisans de M. Zelaya a démarré dans la capitale, tandis que M. Micheletti s'adressait à une foule comparable devant la Présidence.