Les voyageurs qui quittent l'aéroport Benito Juarez de Mexico doivent obligatoirement se soumettre à un court examen visant à vérifier s'ils ont des symptômes de la grippe H1N1. Nul besoin toutefois de se présenter des heures à l'avance en prévision des files d'attente, car l'aéroport a visiblement été déserté par les visiteurs.

Ainsi, avant même de pouvoir enregistrer leurs bagages, les voyageurs doivent remplir un formulaire les questionnant sur leur état de santé: faites vous de la fièvre? Avez-vous des douleurs musculaires? Avez-vous des maux de tête? De gorge? Vos yeux sont-ils irrités?

Une fois le document dûment rempli, un médecin invite les passagers à se tenir debout devant une machine qui ressemble à un scanner. L'appareil permet de prendre la température du corps. Si vous passez le test haut la main, il ne reste qu'à présenter le formulaire à un membre du personnel de l'aéroport, qui donnera son approbation. Rien de bien sorcier. Ensuite, au comptoir d'enregistrement des bagages, le préposé demande à voir le questionnaire et le garde en sa possession.

Hier, chaque étape du processus s'est faite rapidement. Les files d'attente n'étaient pas très longues. Selon les quelques employés de l'aéroport interrogés par La Presse, l'endroit était normalement tranquille depuis les derniers jours. Dans les différentes boutiques, les préposés admettent qu'il y a un peu moins de clientèle qu'à l'habitude.

Exagération?

Raúl, employé dans un magasin de bijoux et de vêtements, refuse toutefois de s'alarmer. «Je trouve qu'on exagère la situation, lance-t-il. C'est bien de prendre des mesures de sécurité comme le port du masque, mais je ne pense pas qu'il faille grossir la vérité.»

Il tient notamment à souligner que la grippe espagnole ou la Seconde Guerre mondiale ont fait beaucoup plus de ravages.

Si tous les membres du personnel aéroportuaire portaient des masques, hier, un nombre important de voyageurs n'ont pas cru bon de le faire. C'est le cas de Christine Bureau, une Québécoise qui est rentrée au pays après six mois en terre mexicaine.

«Je le porte quand je suis dans une foule, souligne-t-elle. Mais ici, on ressent moins le danger.»

Toutefois, la jeune femme, qui devait revenir le 10 mai, a décidé de devancer son retour parce qu'elle craignait que sa compagnie aérienne n'annule son vol. «Je voulais éviter d'avoir des problèmes.»

Par ailleurs, tout juste avant le départ du vol d'Air Canada en direction de Toronto et Montréal, les agents de bord ont remis aux passagers un feuillet explicatif publié par l'Agence de la santé publique du Canada. L'objectif : inciter les voyageurs à aviser les membres de l'équipage s'ils souffrent des symptômes de la grippe. «Au cours de votre séjour au Canada, vous avez pu voyager à travers une région affectée par la grippe porcine», peut-on lire. «Les voyageurs qui présentent des symptômes ne sont pas obligatoirement tous atteints de la grippe porcine», a-t-on toutefois tenu à préciser.

Ironie du sort, le magasine En route, une publication voyage distribuée par Air Canada, présente dans son numéro de mai un reportage sur la Baja California, une région du sud-ouest du Mexique.

Tourisme au ralenti

Les touristes se font de plus en plus rare au pays. Selon le secrétariat du tourisme, les hôtels de la capitale enregistrent un taux d'occupation d'environ 14,79%. À Cancun, destination soleil extrêmement populaire, quelque 70% des réservations ont été annulées. Même constat du côté de Puerto Vallarta, où les réservations de 1257 chambres ont été annulées.