Le président mexicain a recommandé aux Mexicains de «rester chez eux» pendant le week-end prolongé du 1er mai pour éviter une propagation de l'épidémie de grippe porcine qui a tué 8 personnes dans le pays et serait la cause de 84 autres décès «suspects».

«Restez chez vous avec votre famille parce qu'il n'y a pas d'endroit plus sûr pour vous protéger contre la grippe porcine», a déclaré Felipe Calderon dans une allocution radiotélévisée mercredi soir, tout en soulignant que la maladie est «curable» et que le pays dispose de stocks suffisants de médicaments.

Les activités «non-essentielles» de l'administration gouvernementale seront suspendues jusqu'au 5 mai, selon M. Calderon, dans ce même esprit de prévention qui a conduit à fermer tous les établissements scolaires jusqu'au 6 mai.

Le Mexique a révisé son bilan officiel à 8 morts confirmés tout en réduisant de moitié le nombre de cas suspects, ramené de 159 à 84. Le nombre de patients contaminés a été en revanche revu à la hausse, à 99 contre 49.

Sur le plan économique, le ministre mexicain des Finances Agustin Carstens a estimé que l'épidémie réduira le Produit intérieur brut de 0,3 à 0,5%.

Même si l'Organisation mondiale de la Santé a relevé à 5, celui d'une pandémie «imminent» son niveau d'alerte, le maire de Mexico Marcelo Ebrard a estimé que «le nombre de cas (de malades) est en voie de stabilisation», envisageant d'abaisser le niveau d'alerte si la tendance se confirmait.

La décision de l'OMS reflète l'inquiétude qui grandit à travers le monde. Un premier cas mortel hors du Mexique a été signalé aux Etats-Unis, celui d'un garçonnet mexicain de moins de 2 ans. On y recense 91 cas de malades dans 10 Etats. Le président américain Barack Obama a exclu toutefois mercredi de fermer la frontière avec son voisin.

Le Mexique n'est pas en état d'isolement, mais les annulations de liaisons aériennes se multiplient: les tour-opérateurs britanniques, français, allemands et canadiens ont annulé les voyages vers ce pays, notamment vers Cancun, la première station balnéaire mexicaine.

Dans la capitale, Mexico, restaurants, cafés, bars, cabarets, discothèques et dancings sont fermés jusqu'au 5 mai, et doivent se cantonner à la vente à emporter.

«Tous les sites archéologiques» sont fermés «jusqu'à nouvel ordre».

Les sites précolombiens du Mexique sont une attraction culturelle et touristique mondiale, à commencer par les pyramides de Teotihuacan, près de Mexico, et Chichen Itza, l'ancienne ville maya de la péninsule du Yucatan (sud-est). Les musées, théâtres, zoos et parcs d'attractions étant déjà fermés à Mexico depuis le week-end, Teotihuacan demeurait la seule option touristique à proximité de la capitale.

Ces fermetures ont vidé les hôtels, «peut-être à leur plus bas dans l'histoire de la ville», selon la profession. La chute est amortie dans les stations balnéaires: Puerto Vallarta, sur la côte Pacifique, annonce des réservations en baisse de 20%.

Chaque jour de fermeture des cafés et restaurants de la capitale coûte au secteur 30 millions de dollars, et 108 millions de dollars (82 millions d'euros) à l'ensemble de l'économie de la capitale, où le secteur hôtelier a perdu près de 50 millions de dollars depuis jeudi, selon la profession.

A Mexico, où les mesures préventives ont nettement réduit l'activité économique, le maire n'a pas écarté l'éventualité d'imposer le port du masque chirurgical de protection aux usagers du métro, où transitent 4,5 millions de voyageurs par jour.

Le sport n'est pas épargné: la Fédération mexicaine de football a imposé le huis clos pour les rencontres des championnats de première, deuxième et troisième divisions du week-end prochain.